"Je suis un violeur": Dominique Pelicot reconnaît "les faits dans leur totalité" au procès des viols de Mazan
"Je reconnais les faits dans leur totalité". Dominique Pelicot, principal accusé dans l'affaire des viols de Mazan, qui n'était plus apparu à l'audience depuis mercredi dernier pour raisons de santé, a fait son retour devant la cour criminelle de Vaucluse ce mardi 17 septembre.
Aidé d'une canne et vêtu d'une chemise épaisse grise, il affiche une meilleure mine que la dernière fois qu'il est apparu devant la cour. Il est installé dans un fauteuil plus confortable que le banc sur lequel il était assis depuis le début du procès.
"Aujourd'hui, je maintiens que je suis un violeur comme tous ceux dans cette salle. Ils savaient tout et ne peuvent pas dire le contraire", a-t-il déclaré.
"Elle ne méritait pas ça"
Dominique Pelicot est accusé d'avoir pendant dix ans, de juillet 2011 à octobre 2020, drogué sa femme aux anxiolytiques pour ensuite la violer et la faire violer par des dizaines d'hommes recrutés sur internet.
"Je ne retiens de ma jeunesse que des chocs et des traumatismes. Mais elle ne méritait pas ça, je le reconnais", a affirmé Dominique Pelicot ce mardi. Interrogé sur sa personnalité, l'accusé est revenu sur ses premiers souvenirs à 4 ans, le viol dont il dit avoir été victime à l'âge de 9 ans et un viol auquel on l'a forcé à assister à l'âge de 14 ans.
"C’était trop lourd à porter, j’ai tenu 40 ans", affirme-t-il, pleurant à plusieurs reprises.
"J’étais très heureux avec elle (Gisèle Pelicot, NDLR). Elle était le contraire de ma mère, complètement insoumise. Nous avons eu trois enfants, des petits enfants, que je n’ai jamais touchés", a assuré l'accusé.
"Je regrette"
Moment fort durant l'audience de ce mardi: Gisèle Pelicot a souhaité réagir aux premières déclarations de son ex-mari. "Pour moi, il est difficile de l'entendre. Pendant 50 ans, j’ai vécu avec un homme dont je n'aurai pas imaginé une seule seconde qu'il pouvait faire ces actes. J'avais toute confiance en cet homme", a-t-elle soufflé.
"Je suis coupable de ce que j’ai fait (...). Je regrette ce que j'ai fait, je demande pardon même si ce n'est pas pardonnable", a alors répondu Dominique Pelicot, ajoutant:
"Tu as été merveilleuse et moi j'ai été à côté de la plaque".
Pendant plusieurs minutes, Dominique Pelicot a été invité à réagir aux conclusions des experts psychologues. "On m'accuse de beaucoup de choses. On ne naît pas pervers, on le devient. Même si c'est paradoxal, je n'ai jamais considéré ma femme comme un objet", a-t-il assuré.
Les vidéos, "c'est de la perversion"
Dominique Pelicot a également été interrogé par la cour sur les vidéos qu'il a réalisé des viols de Gisèle Pelicot. Il a évoqué "une part de plaisir". "Il y a aussi une mesure d'assurance, vu qu'aujourd'hui on peut, grâce à ça, retrouver tout ceux qui ont participé à ça", a-t-il affirmé.
Dans la salle d'audience, certains des 50 co-accusés de Dominique Pelicot se sont agités, dénonçant ces déclarations alors que plusieurs d'entre eux assurent avoir été "manipulés" par le septuagénaire. Certains assurent, en effet, qu'ils ignoraient que Gisèle Pelicot était droguée, inconsciente et donc non-consentente lors des faits.
"C'est de la perversion, du vice, mais c'est aussi un élément marquant pour pouvoir me rappeler certaines personnes", a ajouté Dominique Pelicot.
Expertise médicale
Depuis mercredi dernier, le principal accusé de ce procès était absent du box en raison de problèmes médicaux diagnostiqués la veille au soir après une hospitalisation.
Une expertise médicale a été réalisée par un collège d'experts ce lundi pour déterminer si Dominique Pelicot, malade depuis plusieurs jours, était apte à comparaître. Les deux médecins ont estimé qu'il n'y avait plus de contre-indications à sa présence devant la juridiction.
Les experts avaient affirmé dans leur rapport que des aménagements devaient être réalisés pour que le septuagénaire puisse assister aux audiences.