Rebond des actions en Europe malgré la tension USA-Chine

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes évoluent dans le vert en début de séance jeudi après deux séances de net repli mais leur rebond est limité par la tension toujours vive entre la Chine et les Etats-Unis sur le dossier du commerce international.

À Paris, le CAC 40 gagne 0,42% à 5.244,09 points après un peu moins d'une heure d'échanges. À Francfort, le Dax prend 0,55% et à Londres, le FTSE 100 avance de 0,36%. L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 est en hausse de 0,36%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,57% et le Stoxx 600 de 0,38%.

Le CAC a perdu 2,14% sur les deux dernières séances et touché mercredi son plus bas niveau depuis le 28 février; le Stoxx 600, lui, s'est replié de 1,65% en deux jours.

Pékin a de nouveau haussé le ton face à Washington jeudi, un diplomate chinois de haut rang jugeant que provoquer des conflits commerciaux relevait du "terrorisme économique".

Aux Etats-Unis, le Pentagone a déclaré mercredi avoir sollicité de nouveaux crédits pour renforcer la production américaine de terres rares et réduire ainsi la dépendance envers la Chine, ces minerais stratégiques constituant l'un des enjeux du bras de fer économique et politique en cours.

Ces nouveaux éléments confortent le scénario d'une prolongation des tensions entre les deux premières économies du monde même si certains observateurs continuent d'espérer un déblocage lors du sommet du G20 fin juin à Osaka, au Japon, au cours duquel les présidents Donald Trump et Xi Jinping devraient avoir des discussions bilatérales.

"Il n'y a aucun signe de désescalade des tensions commerciales; la guerre commerciale est devenue une lutte à couteaux tirés", constate Naeem Aslam, analyste de Think Markets UK.

La séance pourrait être moins animée qu'à l'habitude en Europe en ce jeudi de l'Ascension, férié en France entre autres, mais les marchés surveilleront, à 12h30 GMT, la publication de la deuxième estimation du produit intérieur brut (PIB) américain au premier trimestre. Le consensus Reuters anticipe une révision en légère baisse, à 3,1% en rythme annualisé contre 3,2% en première estimation.

A suivre aussi, les chiffres du PIB brésilien, qui devrait s'être contracté sur les trois premiers mois de l'année pour la première fois depuis la fin 2016.

VALEURS

Le rebond général profite en premier lieu au secteur du pétrole et du gaz, dont l'indice Stoxx progresse de 1%. A Paris, TechnipFMC (+1,47%) et Total (+1,25%) figurent dans le peloton de tête du CAC 40.

Parmi les secteurs sensibles aux tensions commerciales et qui ont souffert ces derniers jours, celui de l'automobile reprend 0,22% et celui des hautes technologies 0,52%.

A l'opposé, les défensives sont dans le rouge: le compartiment de l'immobilier cède 0,47%, celui des services aux collectivités ("utilities") 0,37%, celui de la santé 0,05%.

A noter à Paris, la hausse de 3,11% de Rémy Cointreau, l'une des meilleures performances du SBF 120, après le relèvement du conseil de Morgan Stanley à "surpondérer"; pour la banque américaine, le groupe de spiritueux conserve de belles perspectives de croissance et des barrières à l'entrée élevées alors que sa surcote par rapport à ses rivaux a diminué.

Le secteur des médias (+1%) est tiré à la hausse par le bond de 20,51% de l'allemand Axel Springer après l'annonce de discussions sur une possible entrée au tour de table du groupe américain de capital-investissement KKR.

EN ASIE

A Tokyo, l'indice Nikkei a fini la journée sur un repli de 0,29% à 20.942,53 points après être revenu en séance à 20.809,29, non loin du plus bas de trois mois touché le 14 mai à 20.751.

En Chine, l'indice SSE Composite de Shanghai a cédé 0,31% et le CSI 300 des principales capitalisations de Chine continentale a abandonné 0,62%.

A WALL STREET

La Bourse de New York a terminé en baisse mercredi, emportée par les menaces de la Chine face aux Etats-Unis.

L'indice Dow Jones a perdu 221,36 points, soit 0,87%, à 25.126,41 points, au plus bas depuis le 11 février. Le S&P-500, plus large, a cédé 19,37 points (0,69%) à 2.783,02 points et le Nasdaq Composite a laissé 60,04 points, soit 0,79%, à 7.547,31 points.

Les trois indices ont subi leur quatrième recul en cinq séances.

Le S&P-500 et le Nasdaq ont clôturé juste au-dessus de leur moyenne mobile à 200 jours, un important seuil de soutien, et le S&P est 5,5% en deçà de son record de clôture du 30 avril.

Les 11 grandes indices sectoriels S&P ont fini dans le rouge et en premier lieu celui des valeurs des services aux collectivités ("utilities"), qui a perdu 1,34%.

TAUX

Le rebond, même timide, des actions européennes se traduit par une pause dans l'envolée des emprunts d'Etat et donc par une remontée des rendements: celui du Bund allemand à dix ans, référence pour l'ensemble de la zone euro, reprend près de deux points de base après trois séances consécutives de baisse qui l'ont ramené mercredi jusqu'à -0,179%, son plus bas niveau depuis juillet 2016.

Aux Etats-Unis, le rendement à dix ans est tombé mercredi à 2,21%, au plus bas depuis septembre 2017, avant de remonter à 2,24% après l'annonce d'une demande mitigée pour une adjudication à sept ans et alors que Wall Street réduisait légèrement ses pertes.

La courbe entre les rendements à dix ans et trois mois reste inversée, l'écart entre les deux échéances ayant atteint jusqu'à 14 points de base.

CHANGES

Sur le marché des devises, le dollar continue de profiter de son statut de valeur refuge et évolue non loin d'un pic d'une semaine face à un panier de devises de référence.

L'euro est pratiquement inchangé contre le billet vert à 1,1135 après avoir souffert mercredi du regain de tension entre la Commission européenne et l'Italie au sujet des finances publiques de cette dernière.

Le quotidien italien La Stampa évoque la possibilité d'élections législatives anticipées fin septembre en raison des tensions de plus en plus vives au sein de la coalition gouvernementale.

PÉTROLE

Les cours du pétrole remontent à la faveur de l'annonce par l'American Petroleum Institute (API) d'une baisse plus forte qu'attendu de 5,3 millions de barils des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière.

Le Brent se traite autour de 69,75 dollars, le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) autour de 59,50.

Le marché surveillera à 15h00 GMT les chiffres hebdomadaires de l'Energy Information Administration (EIA) américaine, dont la publication a été décalée par le Memorial Day.

MÉTAUX

Après avoir amorcé un rebond en Asie en début de journée, le cours du cuivre est reparti à la baisse et reste proche de son récent plus bas de cinq mois.

(Édité par Juliette Rouillon)