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Un rapport étrille le "racisme, la misogynie et l'homophobie institutionnels" de la police de Londres

Un rapport indépendant publié ce mardi pointe les manquements de la police de Londres sur les violences faites aux femmes. Il dénonce également un traitement raciste des Londoniens noirs, "sous-protégés" et "sur-policés".

Un document explosif pour la police londonienne. Un rapport indépendant publié ce mardi accuse la Metropolitan Police de Londres d'avoir laissé s'installer "du racisme, de la misogynie et de l'homophobie institutionnels" au sein de l'organisation et demande une "révision complète" de son fonctionnement.

Ce rapport avait été commandé en octobre 2021 par la direction de la police londonienne après la condamnation de Wayne Couzens. Ce policier avait arrêté sous un faux prétexte une Londonienne de 33 ans, Sarah Everard, avant de l'enlever, de la violer et de la tuer.

L'autrice du rapport de 363 pages, Louise Casey, qui a occupé plusieurs fonctions pour divers gouvernements britanniques, décrit une organisation incapable d'accepter la critique, dans le déni et envahie par une "culture du harcèlement": "Les actes racistes, misogynes, homophobes et autres actes discriminatoires sont tolérés, ignorés ou considérés comme du 'badinage'".

Les violences faites aux femmes "pas prises au sérieux"

22% des travailleurs de la police du Londres ont subi du harcèlement, le plus souvent en raison d'un handicap, selon son enquête. "L'homophobie est profondément ancrée au sein de la Met", écrit-elle aussi, et "les femmes officiers et membres du personnel sont régulièrement confrontées au sexisme et à la misogynie".

"La police n'a pas n'a pas protégé ses employées ou les membres du public contre les policiers auteurs d'abus domestiques, ni contre ceux qui abusent de leur position à des fins sexuelles", accuse le document.

Le public britannique a été marqué par le meurtre de Sarah Everard, mais aussi par l'affaire David Carrick. Ce dernier, un policier de 48 ans, a plaidé en janvier coupable de 24 viols et de multiples agressions sexuelles contre douze femmes entre 2003 et 2020. Il intimidait ses victimes en mettant en avant ses fonctions.

Les violences faites aux femmes ne sont de fait "pas prises au sérieux" et "malgré la présence de quelques hauts fonctionnaires remarquables et expérimentés, c'est un personnel surchargé et inexpérimenté qui s'occupe de la protection des enfants, des viols et des infractions sexuelles graves".

La police "sous-protège" les Londoniens noirs

Louise Casey pointe aussi les "attitudes racistes" de certaines personnes au sein de la police londonienne.

"Les officiers et le personnel noirs, asiatiques et appartenant à une minorité ethnique sont plus susceptibles d'être victimes de racisme, de discrimination et d'intimidation de leur part", une discrimination "souvent ignorée" et pour laquelle les plaintes "sont susceptibles de se retourner contre les agents noirs, asiatiques et issus de minorités ethniques". "La police métropolitaine sous-protège et surpolice les Londoniens noirs", peut-on encore lire.

La Metropolitan Police est d'ailleurs "largement blanche et majoritairement masculine". Le rapport estime que si le recrutement continue sur sa trajectoire actuelle, il faudra attendre 2053 pour atteindre l'équilibre femmes-hommes et 2061 pour parvenir à une proportion 46% de personnes noires, asiatiques et issues de minorités ethniques, représentative du Londres d'aujourd'hui.

Louise Casey identifie deux problèmes à ce manque de représentation: la police "passe à côté des talents dont elle a désespérément besoin pour améliorer son efficacité" et manque de "la confiance de la communauté, en ne parvenant pas à créer une force qui ressemble à la ville qu'elle surveille".

Un recrutement "médiocre"

Elle décrit également le contexte qui permet à ces problématiques de prospérer: un "management inadéquat", des systèmes de recrutement et de contrôle "médiocres" qui "ne permettent pas de se prémunir contre ceux qui recherchent le pouvoir pour en abuser" et un manque de temps et d'outils pour les personnes ayant des responsabilités pour réellement prendre en charge les policiers.

Il est ainsi "plus facile pour eux d'ignorer les agents peu performants ou de laisser ceux qui ont des problèmes de conduite s'en tirer à bon compte"

"Les preuves sont accablantes", a réagi le maire de Londres, Sadiq Khan. Dans un communiqué, il assure considérer la réforme de la police comme "un élément essentiel" de son mandat.

Le chef de la Metropolitan Police, Mark Rowley, a présenté ses excuses aux Londoniens et aux forces de police. Il a fait part de ses sentiments "de honte et de colère" face à ce rapport, mais aussi de sa "détermination" à changer la police. "Je veux que nous soyons antiracistes, anti-misogynes et anti-homophobes", a-t-il assuré dans un communiqué.

Article original publié sur BFMTV.com

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