Raphaël Glucksmann appelle à "tourner la page Macron et Mélenchon"

Raphaël Glucksmann a fini par rompre son silence estival. La gauche ne pourra gouverner que si elle accepte de "négocier des compromis" et renonce à la "radicalité", ce qui suppose de "tourner la page Macron et Mélenchon", a cinglé le député européen et leader de Place publique dans un entretien au Point ce mardi 20 août.

À gauche, "on est terrorisés à l'idée d'être considérés comme impurs si on négocie des compromis. Mais pourquoi faire de la politique si c'est pour se condamner à l'impuissance et aux postures?", interroge l'ex-tête de liste PS-Place publique aux européennes.

"La divergence était claire dès 20h02 le 7 juillet (date du second tour des législatives, NDLR), lorsque Jean-Luc Mélenchon a pris la parole pour asséner: 'Tout le programme du NFP, juste le programme du NFP et rien que le NFP!' et que les dirigeants des autres partis de gauche ont suivi, comme si le NFP avait la majorité absolue", insiste-t-il.

Selon l'eurodéputé, il aurait fallu engager "dès le soir du second tour un dialogue avec les partis politiques ayant participé au front républicain contre le Rassemblement national".

"Rompre avec l'esthétique de la radicalité"

"Si on veut l'augmentation du Smic et des salaires, un ISF climatique, le renforcement des services publics en zone rurale ou une grande politique de réindustrialisation, cela passe par des discussions poussées avec d'autres forces politiques", argumente Raphaël Glucksmann.

"Quand je suis devenu député européen, j'avais cette tendance française à confondre compromis et compromission, mais j'ai appris et compris", assure l'élu. "Il faut rompre avec l'esthétique de la radicalité, qui n'est en fait que du sectarisme et empêche justement toute transformation radicale, en finir avec le mythe de la toute-puissance et délaisser Jupiter comme Robespierre. Et donc tourner la page Macron et Mélenchon."

Pour Raphaël Glucksmann, qui dit n'avoir "jamais cru à l'aplanissement magique des divergences extrêmement profondes" avec LFI, le Nouveau Front populaire ne peut être qu'une "unité d'action électorale contre l'extrême droite".

La candidate du Nouveau Front populaire (NFP) à Matignon, Lucie Castets, a elle-même évoqué ces derniers jours la nécessité pour l'alliance de gauche de chercher des "accords", faute de majorité absolue à l'Assemblée pour appliquer son programme. Elle doit être reçue vendredi par Emmanuel Macron, qui a convié à l'Élysée les différents chefs de partis et de groupes parlementaires pour des consultations, en vue d'enfin nommer un gouvernement, plus d'un mois après la démission de celui de Gabriel Attal.

Article original publié sur BFMTV.com