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A Ramadi, en Irak, la progression ralentie par mines et snipers

par Stephen Kalin BAGDAD (Reuters) - Les djihadistes de l'Etat islamique ont laissé des rues et des bâtiments de Ramadi truffés de mines et d'engins explosifs, ce qui freine les efforts pour reconstruire et remettre en état cette ville de l'Ouest irakien, deux semaines après la victoire proclamée par les forces irakiennes sur le groupe extrémiste sunnite. La reconquête de Ramadi, chef-lieu de la province d'Anbar, a été présentée comme le premier grand succès de l'armée irakienne depuis sa déroute face à l'offensive-éclair de l'EI à la mi-2014, lors de laquelle Mossoul, grande ville du Nord, est passée sous le contrôle des djihadistes. Les combattants de l'EI ont été repoussés en décembre vers les faubourgs est de Ramadi, mais la quasi-totalité de la ville demeure interdite à ses quelque 500.000 habitants, dont la majeure partie avaient fui avant l'offensive de l'armée régulière. "La plupart des quartiers sont désormais sous le contrôle des forces de sécurité", déclarait samedi le gouverneur de la province d'Anbar, Sohaïb al Raoui, dans un complexe administratif provisoire installé dans le sud-est de la ville. "La majeure partie des rues de Ramadi sont minées, et il faut déployer de gros efforts, du savoir-faire", a-t-il expliqué. Des experts artificiers de la police et de la défense civile doivent "prochainement" entamer leurs travaux de déminage, a-t-il dit. Les forces antiterroristes en première ligne lors de la reconquête de Ramadi n'assurent la sécurité que des principaux axes et des bâtiments stratégiquement importants, dit-on de source proche des services de sécurité. Elles ont érigé des murs de terre à l'entrée des quartiers du centre considérés comme débarrassés des djihadistes mais toujours truffés d'explosifs, et ont écrit "minés" sur certains bâtiments, ajoute-t-on de même source. Des tireurs embusqués ralentissent la progression des militaires irakiens dans les secteurs toujours sous le contrôle de l'EI. L'armée irakienne les éliminent en menant des raids aériens dévastateurs - plus de 55 au cours des 15 derniers jours, selon la coalition internationale. MOSSOUL, DÉFI PLUS IMPORTANT Samedi, les troupes irakiennes ont chassé les djihadistes de Mal'ab, dernier grand quartier du centre de Ramadi qui était encore sous leur contrôle, a déclaré le général Abdoul Ghani al Assadi. Les troupes irakiennes se sont retirées de Ramadi en mai dernier, et les djihadistes en ont pris alors le contrôle, cette ville à 100 km de Bagdad devenant leur plus grosse prise de guerre depuis leur offensive de la mi-2014. Aujourd'hui, les djihadistes sont toujours retranchés dans une bande de territoire de 10 km à l'est, en direction de Houssaïba al Charkia, où ils se mettent à couvert dans les zones cultivées. Les centaines de frappes aériennes menées depuis juillet dernier, conjuguées aux sabotages effectués par l'EI, ont réduit Ramadi à l'état de ruines. Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) attend toujours le feu vert de Bagdad pour entrer dans la ville et lancer les travaux de reconstruction, a déclaré la numéro deux du Pnud pour l'Irak, Lise Grande. Le Pnud a préparé une centaine de groupes électrogènes destinés à fournir de l'électricité dès qu'il recevra ce feu vert. Selon Lise Grande, Ramadi aura besoin de 20 millions de dollars d'aide d'urgence pour répondre aux besoins humanitaires immédiats, et des milliards de dollars seront nécessaires ensuite, sur le long terme, pour assurer la reconstruction. "Remettre en état les infrastructures sera de la plus haute importance, mais le facteur décisif pour le retour de la population, ce sera de déterminer quand les conditions de sécurité seront réunies", a-t-elle continué. Après Ramadi, le plus grand défi qui attend le pouvoir irakien sera la reconquête de Mossoul, à 400 km au nord de Bagdad. Trois mille deux cents combattants de l'EI y sont stationnés, soit plus de trois fois les effectifs des djihadistes à Ramadi avant l'offensive militaire, selon la coalition. Mossoul, en outre, est bien plus densément peuplé. La majeure partie de la population de la ville, qui est de deux millions d'habitants, n'a pas quitté les lieux. (Eric Faye pour le service français)