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Les Etats-Unis créent moins d'emploi, mais le chômage baisse

par Lucia Mutikani

WASHINGTON (Reuters) - Les créations d'emploi ont été moins nombreuses qu'attendu aux Etats-Unis en août mais le recul du taux de chômage à 5,1%, au plus bas depuis près de sept ans et demi, et l'accélération de la progression des salaires apportent de nouveaux arguments aux partisans d'un relèvement dès ce mois-ci des taux de la Réserve fédérale.

Le secteur non-agricole a créé 173.000 postes le mois dernier, a annoncé vendredi le département du Travail, alors que les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un chiffre de 220.000. Le détail des statistiques montre entre autres que l'industrie manufacturière a subi ses plus lourdes pertes d'effectifs depuis juillet 2013.

Mais les chiffres de juin et juillet ont été révisés en nette hausse, à 245.000 dans les deux cas contre 231.000 et 215.000 respectivement annoncé le mois dernier, soit un total de 44.000 postes de plus.

Le taux de chômage a parallèlement reculé, passant de 5,3% en juillet à 5,1% en août alors que les économistes l'attendaient à 5,2%. Il s'agit du chiffre le plus faible depuis avril 2008.

De plus, le salaire horaire moyen a augmenté de huit cents en août, sa plus forte hausse depuis janvier, tandis que l'horaire moyen hebdomadaire progressait à 34,6 heures.

Le dollar réduisait ses pertes face à un panier de devises de référence après la publication des statistiques tandis que les cours des emprunts d'Etat s'orientaient à la baisse. Wall Street a ouvert dans le rouge, l'indice Dow Jones cédant 1,65% en début de séance.

UNE TÂCHE COMPLIQUÉ POUR LA FED ?

Les chiffres du mois d'août ne remettent pas en cause le scénario d'une poursuite de la croissance aux Etats-Unis, malgré les turbulences sur les marchés et le ralentissement de la croissance chinoise.

Mais ils pourraient compliquer la tâche de la Fed, dont le comité de politique monétaire se réunira les 16 et 17 septembre et pourrait à cette occasion décider de la première hausse de taux d'intérêt depuis près de dix ans.

L'accès de volatilité observé depuis la mi-août sur les marchés a conduit une partie des analystes à revoir en baisse la probabilité estimée d'une hausse de taux dès ce mois-ci.

Plusieurs responsables de la banque centrale, dont son vice-président, Stanley Fischer, ont toutefois déclaré ces derniers jours qu'il était prématuré de conclure que la baisse des marchés rendait un relèvement des taux moins pressant.

Vendredi, Jeffrey Lacker, partisan déclaré d'une hausse prochaine des taux, a jugé "bons" les statistiques de l'emploi, ajoutant qu'elles ne modifiaient pas les perspectives de la politique monétaire.

"Les créations d'emploi sont décevantes mais le chômage a baissé et d'autres points font que le rapport n'est pas si mauvais que ça. Le salaire horaire a augmenté et l'horaire hebdomadaire aussi. Si le chiffre principal peut décevoir, le fait est que ce rapport nous rapproche probablement d'une hausse de taux en septembre", a commenté Peter Cardillo, chef économiste de Rockwell Global Capital à New York.

L'interprétation des derniers chiffres de l'emploi est d'autant plus délicate pour les investisseurs que le département du Travail a précisé que les données du mois d'août étaient généralement revues en hausse par la suite.

LES SALAIRES PROGRESSENT PLUS VITE

Des économistes expliquent en effet que le modèle retenu par l'administration pour établir ces chiffres et éliminer les biais saisonniers pourrait ne pas prendre en compte de manière pertinente les effets liés à la rentrée scolaire.

Le faible taux de réponse généralement enregistré en août aux questionnaires servant de base à l'établissement des statistiques risque également de nécessiter des révisions importantes.

Les nouveaux signes d'amélioration du marché du travail s'ajoutent néanmoins à une série d'indicateurs positifs publiés ces derniers jours, sur l'immobilier ou les ventes de voitures par exemple, ce qui suggère que la croissance économique est restée solide au début du troisième trimestre.

La baisse de deux dixièmes de point du taux de chômage ramène celui-ci dans la fourchette qui, pour la Fed, est cohérente avec un taux d'inflation bas mais stable.

Une mesure plus large du chômage intégrant les personnes qui souhaitent travailler mais ont renoncé à chercher un emploi et ceux qui travaillent à temps partiel contre leur gré, a reculé à 10,3%, son plus bas niveau depuis juin 2008, contre 10,4% en juillet.

Parallèlement, la hausse du salaire horaire moyen le mois dernier porte sa progression à 2,2% sur un an, un rythme encore loin de celui de 3,5% jugé sain par les économistes.

Mais la marche régulière vers le plein emploi et les décisions de plusieurs Etats et collectivités locales de relever le salaire minimum pourraient favoriser l'accélération de la croissance des salaires, donc le retour de l'inflation vers l'objectif de 2% que s'est fixé la Fed.

(Myriam Rivet pour le service français, édité par Marc Angrand)