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Rajoy en quête d'un large soutien pour un cabinet de coalition

par Angus Berwick et Sarah White MADRID (Reuters) - Le Premier ministre espagnol sortant, le conservateur Mariano Rajoy, a dit lundi avoir espoir de conclure d'ici un mois un accord sur la formation d'un gouvernement disposant d'un large soutien. Contre toute attente, le Parti populaire (PP, centre droit) de Mariano Rajoy est le seul grand parti à avoir progressé lors des législatives de dimanche par rapport aux précédentes élections générales du 20 décembre. Il reste toutefois loin de la majorité absolue, ce qui le contraindra à passer un accord de coalition ou d'avoir, au minimum, le soutien d'autres formations lors d'un vote de confiance au parlement. Le PP s'est assuré le contrôle de 137 sièges, contre 123 en décembre, mais il lui en faudrait 176 pour disposer d'une majorité absolue au Congrès des députés (chambre basse), et pouvoir ainsi gouverner seul. Les socialistes du PSOE se sont classés deuxièmes, dimanche, remportant 85 sièges. Plus à gauche, Unidos Podemos, alliance de Podemos et d'Izquierda Unida (IU, Gauche unie), a raté son objectif de passer devant le PSOE et termine troisième avec 71 sièges. La nouvelle formation centriste Ciudadanos pointe quant à elle en quatrième position, avec 32 députés. "Ce dont l'Espagne a besoin, c'est d'un gouvernement disposant d'un soutien parlementaire fort, en mesure de susciter la confiance, que ce soit en Espagne et en dehors, en mesure d'entreprendre les réformes dont l'Espagne a toujours besoin, et d'apporter la stabilité à l'Europe au moment où elle en a besoin", a dit Mariano Rajoy en appelant les autres partis à s'unir au sein d'une "grande coalition" réunissant les formations du centre gauche et du centre droit. CIUDADANOS PRÊT A DISCUTER AVEC LE PP "Je soutiens l'idée d'un gouvernement stable tous les quatre ans, qui présente son programme, mais si ce n'est pas possible, nous devrons gouverner au jour le jour", a dit Mariano Rajoy lors d'une conférence de presse. Un peu plus tôt, les socialistes du PSOE de même que Ciudadanos avaient annoncé séparément qu'ils ne soutiendraient pas un nouveau gouvernement qui serait dirigé par le sortant Rajoy, au pouvoir depuis 2011. Le jeune chef de file de Ciudadanos, Albert Rivera, s'est toutefois montré désireux de discuter avec le PP. De l'avis des politologues, la situation actuelle pourrait déboucher sur la formation d'un gouvernement minoritaire constitué par le PP, avec le feu vert des socialistes et de Ciudadanos qui s'abstiendraient lors du vote de confiance au parlement. Les milieux d'affaires se montrent quelque peu dubitatifs. "Un gouvernement minoritaire pourrait ne pas être en mesure d'adopter des réformes concrètes, car il aurait besoin d'improbables soutiens au sein d'un parlement fragmenté. A nos yeux, une telle inertie nuirait aux perspectives de croissance à moyen terme en Espagne, notamment au regard des mesures que nous estimons nécessaires dans le champ fiscal et sur le marché du travail", dit la banque Barclays dans une note. "De plus, un gouvernement minoritaire pourrait ne pas tenir jusqu'au bout de son mandat de quatre ans". (avec Paul Day, Eric Faye pour le service français)