Avec Raffaele Fitto à la Commission, Giorgia Meloni compte peser davantage à Bruxelles

Avec Raffaele Fitto à la Commission, Giorgia Meloni compte peser davantage à Bruxelles

Raffaele Fitto a été désigné comme le prochain commissaire italien vendredi, jour de la date butoir pour soumettre un nom à Bruxelles. Une nomination tardive mais sans surprise, tant le choix de l'actuel ministre des Affaires européennes, du Sud, de la Politique de cohésion et du Plan national pour la reprise et la résilience était évident.

Prenant acte de la pauvreté de la classe dirigeante de sa famille politique, les Fratelli d'Italia, elle s'est résignée à se séparer de l'un de ses rares ministres reconnus pour son sérieux et sa compétence, y compris par l'opposition.

La bonne gestion de la mise en œuvre du plan de relance européen post-Covid, malgré des retards, en fait un des personnages centraux du gouvernement, et un interlocuteur privilégié de Bruxelles.

D'autant que Raffaele Fitto, 55 ans, siégeait au Parlement européen jusqu'aux dernières élections législatives italiennes de 2022, occupant le poste de coprésident du groupe ECR dirigé par Giorgia Meloni.

Malgré cette carte de visite, le futur commissaire devra résister aux oppositions de plusieurs forces du Parlement européen, explique Giovanni Orsina, directeur du département de sciences politiques de l'université Luiss de Rome.

« Les libéraux ont déjà dit qu'ils n'étaient pas favorables à sa candidature. Reste à voir quel soutien Fitto obtiendra du Parti populaire européen (PPE, droite), ou encore des socialistes. Si la droite le soutient, ses chances d'être nommé seront plus grandes. Mais il est clair que tout peut arriver et que la partie n'est pas jouée ».

Une nomination clef pour Giorgia Meloni

Giovanni Orsina estime que le gouvernement de Meloni a beaucoup à gagner de la nomination de Fitto. « Entre juin et juillet, la présidente du Conseil Giorgia Meloni a été fortement critiquée par les partis d'opposition qui l'accusaient d'isoler l'Italie », explique-t-il. « Mais si elle parvient aujourd'hui à obtenir une vice-présidence exécutive pour l'Italie, elle pourra se présenter renforcée devant les forces d'opposition en montrant qu'elle a habilement joué sa partition ».

La présidente du Conseil italien Giorgia Meloni, à gauche, accueille la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen en juillet 2023 à Rome.
La présidente du Conseil italien Giorgia Meloni, à gauche, accueille la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen en juillet 2023 à Rome. - Gregorio Borgia/Copyright 2023 The AP. All rights reserved

D'autant que si les informations du journal allemand Die Welt se confirment, Raffaele Fitto pourrait confier le portefeuille de vice-président exécutif chargé de l'économie et de la relance post-pandémique. Un atout significatif pour l'Italie.

« Le rôle de vice-président permettrait à M. Fitto de couvrir un large éventail de questions et s'il finit par être en charge des fonds de relance post-pandémie, cela lui donnerait l'occasion de s'occuper de l'Italie, qui est le plus grand bénéficiaire de ces prochains fonds européens. S'il se voit également confier la responsabilité de l'économie, il pourra superviser le pacte de stabilité, qui est crucial pour l'Italie », explique Gianni Pittella, ancien vice-président socialiste du Parlement européen.

Ursula von der Leyen doit présenter la composition de son équipe d’ici la fin de cette semaine.