Publicité

Rabiot, je vous emmerde tous !

Puisqu’il est acquis que tout le monde tombera à bras raccourcis sur Adrien Rabiot, j’ai envie, sinon de le défendre, du moins de le comprendre. Il y a du Cyrano, du D’Artagnan et même du Maurice Pialat dans son attitude de refuser les seconds rôles.

Adrien Rabiot
Adrien Rabiot

Rabiot est un cas d’école. Pourquoi demander à un sportif de haut niveau d’avoir une psychologie de libraire de Concarneau ? Nous sommes chez les fauves. L’entraineur ou le sélectionneur entre dans la cage aux lions tous les matins. C’est ainsi. On peut se raconter des sornettes, parler du collectif qui prime, de l’intérêt général, toutes les jolies choses qu’on dit plus tard, quand on écrit (ou qu’on dicte) ses mémoires. Ou quand on revisite son existence au coin de la cheminée avec les petits enfants autour de l’âtre : « Dis papy, c’était comment l’équipe de France ? »

La vérité est ailleurs. Tapie avait raison : le football est un sport individuel. Son job de président était de persuader les solistes du vestiaire qu’ils avaient besoin les uns des autres.

L’orgueil, et l’amour-propre construisent le moteur V12 d’un champion. Rabiot est un cas d’école parce qu’il va au bout de sa logique : je suis le meilleur ! Je suis le fils d’Éric Cantona. Je vous emmerde braves gens. Vous ne m’aimez pas ? Je ne vous aime pas non plus ! Je marche le poing levé comme Maurice Pialat à Cannes quand il reçoit la Palme d’Or (1987, Rabiot n’était pas né).

Bravache le Rabiot ! Il en a ! Et tant pis si les messieurs la morale, les cul-cul la praline du prêchi-prêcha, intellos de contrebande, philosophes de Franprix, sermonneurs de profession, tant pis si les oreilles de ces recalés de la gloire saignent. Ils sont les mouettes derrière le chalutier pour paraphraser Éric the King.

Rabiot est un mousquetaire du roi. Il est D’Artagnan. Il n’est pas son valet Planchet. Suppléant ? Non merci ! Vous connaissez la tirade dite des « Non merci ! » de Cyrano de Bergerac ? Relisez-là et apprenez-la par cœur comme un bréviaire à dire chaque matin : « Déjeuner, chaque jour, d’un crapaud ? Exécuter des tours de souplesse dorsale ? Non, merci ! » ou plus loin : « Calculer, avoir peur, être blême ? Non, merci ! non, merci ! non, merci ! » Etc. Etc.

Je ne dis pas qu’Adrien ait raison. Je ne sais pas ce que sera la suite de sa carrière. Je salue son courage, son intégrité, sa folie qui sait ? Je salue son indépendance, sa colonne vertébrale et sa dignité. Messieurs les censeurs, bonjour.

Pascal