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Total amplifie ses baisses de coûts et d'investissements

par Karolin Schaps et Benjamin Mallet

LONDRES/PARIS (Reuters) - Total a annoncé jeudi son intention d'amplifier ses baisses de coûts et d'investissements dans un contexte de prix du pétrole au plus bas, le groupe ayant une nouvelle fois limité l'effet des cours du brut sur ses comptes au quatrième trimestre 2015 grâce son programme d'économies.

La deuxième compagnie pétrolière européenne par la capitalisation boursière table désormais sur des investissements organiques d'environ 19 milliards de dollars cette année (contre 20 à 21 milliards précédemment), ce qui représenterait une baisse supérieure à 15% par rapport à 2015.

Total entend également renforcer ses réductions de coûts opérationnels et prévoit d'économiser 2,4 milliards de dollars en 2016 par rapport à 2014, pour atteindre en 2017 un montant global supérieur à trois milliards, et vise quatre milliards de cessions d'actifs en 2016, soit le même niveau qu'en 2015.

Près de cinq mois après avoir détaillé sa stratégie dans un contexte de marchés déprimés, alors que le prix du pétrole avoisinait encore 45 dollars contre 30 aujourd'hui, Total a redit son engagement de couvrir son dividende par ses flux de trésorerie nets organiques à partir de 2017 à 60 dollars par baril.

"Dans le pétrole, nous avons besoin de nous concentrer sur les projets dont le seuil de rentabilité est bas", a souligné le PDG Patrick Pouyanné, lors d'une conférence avec les analystes organisée à Londres.

"A partir de 2017, nous aurons amélioré notre flexibilité financière (...) et notre stratégie sera de relancer de nouveaux projets et de saisir les opportunités qui arriveront sur notre bureau dans les prochains mois."

Le directeur financier Patrick de La Chevardière a pour sa part estimé lors d'une rencontre avec la presse que Standard & Poor's devrait abaisser la plupart des notes des groupes pétroliers, que l'agence a déjà en grande partie placées sous surveillance négative.

Il a toutefois estimé que ce déclassement ne devrait pas avoir de conséquence majeure sur l'activité de Total étant donné que le financement des projets pétroliers s'est déjà renchéri ces derniers mois.

LE DIVIDENDE RESTE STABLE

Patrick de La Chevardière a également reconnu que la période actuelle ne favorisait pas la cession d'actifs dans l'amont pétrolier, Total ayant d'ailleurs renoncé à vendre ses parts dans le gisement nigérian d'Usan. "Ce n'est pas un vide-grenier; si nous ne pouvons pas obtenir un prix raisonnable, nous ne pouvons pas vendre."

Malgré un recul des prix du pétrole de 43% sur un an, Total a limité à 26% le repli de son résultat net ajusté au quatrième trimestre, à 2.075 millions de dollars, tandis que son chiffre d'affaires a baissé de 28% à 37,7 milliards.

Selon un consensus établi par Inquiry Financial, les analystes attendaient en moyenne un résultat net ajusté de 1.931 millions de dollars.

Le résultat net part du groupe est resté négatif au quatrième trimestre, à -1,6 milliard de dollars, pénalisé par des éléments exceptionnels à hauteur de 3,7 milliards qui incluent la dépréciation du projet de GNL de Gladstone, en Australie, et d'actifs d'exploration dont les projets de développement ont été abandonnés.

La production d'hydrocarbures du groupe a atteint 2,352 millions de barils équivalent pétrole par jour au quatrième trimestre (le consensus tablait sur 2,371 millions), progressant de 5,5% grâce notamment aux démarrages de nouveaux projets. Pour 2016, Total vise une croissance de 4% après +9,4% sur l'ensemble de 2015.

Le groupe propose un acompte sur dividende de 0,61 euro par action au titre du quatrième trimestre 2015, stable par rapport à celui du quatrième trimestre 2014, avec l'option d'un paiement en actions nouvelles.

Total s'est en outre félicité des premiers succès de sa nouvelle politique en matière d'exploration, illustrés par une découverte importante de gaz à Shwe Yee Htun, au large de la Birmanie, annoncée début janvier par l'australien Woodside qui détient 40% du gisement au côté du groupe français (40% également) et de l'opérateur birman MPRL (20%).

L'action Total perdait 3% à 35,42 euros en fin de séance à la Bourse de Paris, cependant mieux que le marché (-3,77%).

(Edité par Dominique Rodriguez)