Rémy Cointreau maintient le cap en Chine malgré les craintes

par Pascale Denis

PARIS (Reuters) - Rémy Cointreau a accéléré le pas au troisième trimestre de son exercice décalé grâce à des ventes de cognac toujours très robustes en Chine où il pense maintenir la cadence malgré les craintes liées au ralentissement de la croissance dans le pays.

Le cognac Rémy Martin, principal centre de profits du groupe, a vu sa croissance organique encore décoller de 15,6% entre octobre et décembre 2018, après une hausse de 12,2% au cours des trois mois précédents, dépassant largement les 13,3% anticipés par les analystes.

Avec un nouvel an chinois plus précoce qu'en 2018, des livraisons ont été anticipées et ont eu un impact favorable d'environ deux points sur la croissance trimestrielle du cognac, a précisé le groupe mardi dans un communiqué.

Alors que le ralentissement de l'économie chinoise, la baisse de la Bourse de Shanghai et la guerre commerciale sino-américaine font craindre un moindre appétit des classes moyennes-supérieures chinoises pour les produits de luxe, Rémy Cointreau a maintenu la cadence et s'est voulu rassurant.

Ses ventes de cognac grimpent de 20% dans le pays et son directeur financier, Luca Marotta, s'est dit "confiant dans la capacité du groupe à maintenir cette tendance".

Pressé de questions sur l'évolution de la demande des clients chinois, il s'est dit très "zen" et indiqué que la tendance des ventes des distributeurs aux clients finaux - indicateur clé de l'évolution du marché - était restée inchangée, "en forte hausse à deux chiffres".

Il a aussi assuré que le groupe était mieux armé qu'en 2013 - date de l'effondrement des ventes en Chine liées aux mesures anti-corruption de Pékin - pour affronter une éventuelle crise, grâce notamment à un meilleur équilibre géographique, les Etats-Unis étant devenus le premier marché du groupe.

Le cognac signe une croissance à deux chiffres dans toutes les autres zones géographiques, avec une progression de 7% des volumes et un effet "mix" et prix de 6%, a-t-il souligné.

MESSAGE JUGE "RASSURANT"

Luca Marotta a également dit rester "en phase" avec le consensus d'une hausse de 13,5% du résultat opérationnel courant 2018-2019 à taux de changes constants.

"Les chiffres du T3 montrent effectivement que la Chine ne semble pas avoir ralenti en décembre et que les attentes pour le nouvel an chinois sont effectivement toujours fortes", commentent les analystes de Kepler Cheuvreux.

Malgré un message perçu comme "rassurant", le titre Rémy Cointreau, jugé bien valorisé, recule de -1,5489% à 12h01 à la Bourse de Paris. A 27,7 fois les bénéfices estimés pour 2020-21, ses multiples de valorisation sont plus proches de ceux du luxe que des vins et spiritueux (20,3 fois pour Diageo, leader mondial du secteur).

Rémy Cointreau, engagé depuis trois ans dans un recentrage sur les spiritueux haut de gamme, entend réaliser plus de 60% de ses ventes grâce à des bouteilles à plus de 50 dollars à l'horizon 2019-2020, contre 51% aujourd'hui et 45% en 2015.

Au total, la croissance organique du groupe également propriétaire de Cointreau ou Mount Gay a été de 8,7% sur le trimestre (+8,2% attendus), l'arrêt de contrats de distribution de certaines marques comme le Campari en République tchèque ou la vodka Russian Standard dans le "travel retail" s'étant traduit par une baisse de 26,8% des ventes liées à ces contrats.

Les ventes ont atteint 348 millions d'euros en publié sur trois mois (+9,5%) et 919,4 millions sur neuf mois (+6,7%).

Les chiffres de Hennessy, numéro un mondial du cognac détenu par LVMH, sont attendus le 29 janvier et ceux de Martell (Pernod Ricard), leader en Chine, le 7 février.

(Edité par Matthieu Protard)