Publicité

«Je me réveille en arabe, je parle en français»

Par Farah 15 ans, lycéenne, Ile-De-France

«Tous les matins, je me réveille en saluant ma famille, principalement en arabe, et je mange des gâteaux orientaux que ma grand-mère nous a envoyés du Maroc. Je me rends au lycée, je parle français toute la journée, on m’enseigne le fonctionnement de la France, sa Constitution, ses lois, son histoire, sa langue, le comportement que l’on doit avoir pour être un bon citoyen… C’est normal, après tout. Si on ne nous apprend pas tout ça, à quoi ressemblera la France de demain ?

«Quand je rentre en bus, il y a des gens de toutes les origines. Je peux entendre toutes les langues. Je suis avec mes amies, certaines sont asiatiques, d’autres européennes, d’autres encore africaines. Certaines ont les mêmes origines que moi, et je m’entends mieux avec elles, peut-être grâce à nos points communs : je sais qu’on a le même mode de vie. Ça nous rapproche. J’ai des amies de différentes origines et religions. Je leur pose souvent des questions. Ça m’intéresse de comparer, de connaître nos différences.

«Je rentre à la maison, et là, à nouveau, retour aux origines : salon marocain, tableaux religieux et tout ce qui va avec. Ma mère regarde à la télé une série turque. Je regarde quelques minutes avec elle, puis je vais faire mes devoirs en français. Ma mère passe un coup de fil au Maroc, je parle un moment avec ma famille marocaine. Elle me pose toujours cette même question en arabe : "Alors ? Tu préfères ici ou la France ?" Et moi, je réponds toujours, en arabe bien sûr : "Je les aime tous les deux de la même manière, ce sont mes pays, autant l’un que l’autre." Puis ma mère appelle l’Algérie, et je parle avec ce côté de ma famille, en algérien cette fois. Après cet appel, je retourne à mes devoirs, je révise l’anglais et l’espagnol. C’est un quotidien banal pour moi, rempli de mixité. Cela ne me déplaît pas, j’apprécie même beaucoup ! Même s’il y a parfois de quoi faire des confusions.»

Retrouvez cet article sur Liberation.fr

«Prolo ou bobo ? Je me sens comme une métisse sociale»
«Avec ma tête, je ne peux pas être tout à fait française»
«En France, je n’avais pas le bon dictionnaire»
Moi, JEune...
Cigarettes, des paquets mythiques aux oubliettes