Les réseaux sociaux sont-ils au-dessus des lois ?
La responsabilité des réseaux sociaux face aux contenus qu'ils recommandent est de plus en plus questionnée. Des affaires judiciaires aux États-Unis et des plaintes en France, comme celle contre TikTok, soulèvent le débat : les plateformes doivent-elles être considérées comme des éditeurs responsables des algorithmes qui influencent nos vies ?
C'est une action de justice qui vient d'être lancée en France contre TikTok. Le collectif “Algos Victima” regroupe sept familles qui estiment que le réseau social est à l’origine de la dégradation de l’état de santé mentale de leurs enfants ; parmi eux, deux jeunes filles se sont suicidées.
L’algorithme de TikTok est accusé d’avoir enfermé ces adolescents dans ce que certains appellent des “terriers de lapins” : des contenus d’une même typologie, revenant en boucle, et promouvant les pensées déprimantes et les comportements délétères. TikTok sera-t-il reconnu responsable des vidéos poussées par son algorithme ?
Ce cas de figure douloureux pose la question de la responsabilité des réseaux sociaux. Ceux-ci ont longtemps paru être au-dessus des lois. C’est sans doute une impression trompeuse. Deux exemples très médiatisés l’ont récemment montré.
Elon Musk au Brésil, Pavel Durov en France
Au Brésil, il y a eu l’interdiction temporaire de X décidée par la Cour suprême nationale, parce que le réseau social dirigé par Elon Musk avait refusé d'exécuter les demandes de la haute juridiction : supprimer des comptes impliqués dans les émeutes et assauts sur les lieux de pouvoir en 2023, après la défaite de l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro.
Musk a fini par s’exécuter et X est revenu au Brésil. “Un précédent ayant valeur de jurisprudence a facilité la mise en œuvre de blocages : WhatsApp a été arrêté en 2016 pendant 72h en raison du refus de l'entreprise de fournir des informations dans le cadre d’enquêtes criminelles”, commente la chercheuse Ophélie Coelho, autrice de "Géopolitique du numérique - L'impérialisme à pas de géants", publié aux Editions de l'Atelier (2023).
Le 26 septembre 2024, au Brésil, le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes reçoit tous les documents demandés de la plateforme X (anciennement Twitter) confirmant son représentant légal dans le pays et analyse la demande d’Elon Musk de débloquer la plateforme. Crédit Ton Molina / NurPhoto [...]