Sur les réseaux, des femmes noires témoignent du cyberharcèlement qu’elles subissent et demandent des changements

Parmi les milliers de témoignages de femmes, de très nombreuses captures d’écran d’insultes et de menaces.
Kseniya Ovchinnikova / Getty Images Parmi les milliers de témoignages de femmes, de très nombreuses captures d’écran d’insultes et de menaces.

CYBERHARCÈLEMENT - « Il y avait une pétition pour que je meure parce que j’étais trop noire. » Depuis dimanche 18 août, les témoignages de femmes noires victimes de cyberharcèlement affluent sur X, sous le hashtag #AntiHSM (Anti Harcèlement Sexuel, Misogyne et Misogynoir). Un mouvement de libération de la parole qui a été lancé par un collectif de 14 femmes noires pour dénoncer la violence qu’elles subissent au quotidien sur les réseaux sociaux.

Le racisme de Donald Trump contre Kamala Harris n’est que trop familier pour ces personnes métisses en France

En deux jours seulement, le hashtag a recueilli plus de 10 000 tweets, souligne Perle Vita, militante afro féministe et cofondatrice du mouvement #AntiHSM sur X.

Parmi les milliers de témoignages de femmes, de très nombreuses captures d’écran d’insultes et de menaces mettent en lumière le cyberharcèlement. Et plus spécifiquement les attaques relevant de la « misogynoir », un terme qui désigne la double discrimination, sexiste et raciste, dont sont victimes les femmes noires.

Des campagnes de harcèlement organisées sur certains réseaux

Au-delà des messages préjudiciables, Perle Vita dénonce de véritables campagnes de cyberharcèlement organisées par des internautes, pourtant épargnés par la justice. C’est cette expérience, subie par une consœur de la militante, qui a conduit au lancement du hashtag. « Des images d’elle se sont retrouvées sur un groupe Telegram avec plus de 3 000 personnes. »

Un phénomène qu’elle décrit comme courant et qu’elle attribue à la montée du « masculinisme » sur les réseaux sociaux. Cette idéologie antiféministe se traduit notamment par le harcèlement systématique des femmes qui s’expriment sur la toile. « Cela peut commencer par un simple désaccord, puis les harceleurs se regroupent et menacent de mettre ta photo sur certains sites… Ils trouvent même des moyens de trouver ton adresse, ton numéro, ou des médias intimes. »

Le collectif souhaite aller plus loin que simplement libérer la parole des victimes et dénonce l’absence de régulation de certains réseaux sociaux. « Un hashtag, ça ne sauve pas des vies », martèle Perle Vita, qui demande plus de législations autour de la messagerie Telegram. « Les témoignages qu’on a reçus parlent de l’utilisation de hackeurs étrangers pour se procurer les photos intimes de certaines femmes, ou la création de deepfakes utilisant leurs images », s’insurge la militante.

Des plaintes pas prises au sérieux par les autorités

Selon Perle Vita, le problème est pourtant loin d’être pris au sérieux par les autorités, malgré les conséquences réelles sur la vie des victimes. La militante se dit « très choquée » par certains témoignages, dont celui d’une jeune femme ayant du « changer deux fois de lycée », ou d’une autre qui a « déménagé trois fois ».

Si Perle Vita se décrit comme « pessimiste », elle se félicite de l’ampleur du mouvement lancé par le hashtag. « On ne s’attendait pas à un tel retentissement », confie-t-elle, avant de lancer un « merci » à toutes celles qui ont eu le courage de parler. Car sortir du silence n’est pas sans risque, et peut même intensifier le harcèlement subi. Le hashtag vise donc à créer un espace « de solidarité, de force et de résilience » pour toutes les femmes victimes.

Avec l’aide de l’association StopFisha, luttant contre le cybersexisme, le mouvement souhaite aussi accompagner les victimes en les prenant en charge, en compilant des listes de commissariats « safe », ou en proposant des plaintes groupées. Un premier pas et une prise de conscience, avant des actions politiques concrètes, espère Perle Vita.

À voir aussi sur Le HuffPost :

En Allemagne, une chanson générée par l’intelligence artificielle avec des clichés racistes se hisse au Top 50

Pour préparer la rentrée, ces professeurs conseillent de poursuivre les apprentissages mais de manière ludique