Réformes des retraites : le président du Conseil d’orientation des retraites débarqué, mais « ce n’est pas une sanction »

Pierre-Louis Bras, président du Conseil d’orientation des retraites, photographié en 2015 (illustration)
THOMAS SAMSON / AFP Pierre-Louis Bras, président du Conseil d’orientation des retraites, photographié en 2015 (illustration)

POLITIQUE - Ses expressions ont souvent gêné l’exécutif pendant la réforme des retraites. Il va bientôt prendre la sienne. Pierre-Louis Bras, président du Conseil d’orientation des retraites (COR), a été « débarqué », selon des informations du Monde, confirmées à l’AFP.

Dans le viseur du gouvernement, le haut fonctionnaire va quitter ses fonctions « après neuf ans » à la tête de l’institution, a souligné Matignon à l’agence de presse, précisant que « ce n’est pas une sanction » adressée à cet inspecteur général des affaires sociales passé par plusieurs cabinets ministériels. Cela y ressemble pourtant fortement. Dès le mois d’avril, Élisabeth Borne avait jugé dans Le Parisien que le COR avait « brouillé les esprits ».

Le 12 juillet au Sénat, la cheffe du gouvernement avait estimé que le COR n’avait pas « pleinement joué son rôle ces derniers temps », publiant des travaux donnant lieu à « toutes sortes d’interprétations et d’expressions, éloignant ainsi le COR de sa mission originelle ».

Grain à moudre

Il faut dire que cette instance placée sous l’autorité de Matignon a souvent contrecarré la communication du gouvernement lors de la réforme des retraites, donnant du grain à moudre aux oppositions syndicales comme politiques. Exemple jeudi 19 janvier, en pleine journée de mobilisation.

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Auditionné par l’Assemblée nationale, le spécialiste a lâché une bombe qui a fait le bonheur des opposants au texte : « Les dépenses de retraites ne dérapent pas, elles sont relativement maîtrisées, dans la plupart des hypothèses, elles diminuent plutôt à terme. » De quoi tailler en pièces le principal argument du gouvernement pour justifier le report de l’âge légal de 62 à 64 ans.

Au mois de juin, c’est un rapport du COR qui a remis une pièce dans la machine, affirmant que le système de retraite restera déficitaire d’ici 2030 malgré la réforme. Ce qui avait fait bondir les partisans du projet de loi, à l’image du député Renaissance Pierre Cazeneuve qui avait dénoncé « l’irresponsabilité » de l’institution présidée par Pierre-Louis Bras. « Après avoir laissé planer le doute sur la réalité de notre système de retraites et contribuer à toutes les démagogies, le COR nous dit maintenant que les 15 milliards d’euros par an d’économies de la réforme actuelle ne suffiront pas. Quelle farce », s’était-il emporté.

Quelques jours plus tard, le 11 juillet, Pierre-Louis Bras était auditionné par la mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale devant l’Assemblée nationale. Verdict : la réforme devrait entraîner « plus de dépenses » en 2050 à cause de pensions plus élevées. Une analyse par ailleurs conforme à celle délivrée par le Comité de suivi des retraites (CSR), qui pointait quelques jours plus tard un possible « surcoût » lié à la réforme adoptée grâce à un 49-3.

Pour autant, Matignon assure que ces précédents n’y sont pour rien dans son départ. « Nous pensons que c’est le bon moment pour procéder à un renouvellement, peu après la réforme des retraites et alors que plusieurs personnalités qualifiées sont susceptibles de faire leur entrée au COR », a justifié au Monde l’entourage de la Première ministre.

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