Réforme des retraites : ce qui s’est dit lors de la première rencontre entre Bayrou et les partenaires sociaux

Le gouvernement avait rendez-vous avec les syndicats, dont la CGT et la CFDT, pour organiser le conclave à venir sur la réforme des retraites.

RETRAITES - Chacun a vu midi ou minuit à sa porte. Ce vendredi 17 janvier a finalement bien eu lieu la réunion annoncée par François Bayrou en début de semaine, afin de poser les bases du conclave à venir sur la réforme des retraites.

En esquivant la censure, le Parti socialiste a-t-il (vraiment) sauvé François Bayrou ?

Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre avait proposé aux partenaires sociaux de se réunir pendant trois mois afin de se mettre d’accord sur des modifications de la réforme des retraites, adoptée par le gouvernement d’Élisabeth Borne par 49.3 en 2023. Ce conclave se réunira après le 19 février, date à laquelle la Cour des comptes rendra les conclusions de sa mission flash sur le financement des retraites. Objectif : que chacun puisse discuter sur la base d’un même postulat.

« Cette idée qu’ils vont partager des mois et des mois de travail, pour moi, c’est une idée fructueuse », s’est réjoui François Bayrou en sortant du ministère du Travail après ce tout premier rendez-vous, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article. Et pour mieux vanter sa méthode de concertation, dont les débuts hésitants ont pourtant aiguisé la frilosité des syndicats, le Premier ministre n’a pas hésité à évoquer la situation politique internationale : « On est un pays qui n’a pas de budget, on est un pays qui n’a pas de majorité, on est un pays dans lequel les uns ne cessent de s’affronter aux autres (...) et on ne peut pas en rester là parce que pendant ce temps, le monde nous assiège », a-t-il déclaré.

PUBLICITÉ

Plus prosaïquement, François Bayrou a fixé à « fin mai » l’objectif d’un accord entre les partenaires sociaux sur les retraites, et s’est dit tout à fait prêt à l’entendre si ces derniers se laissaient convaincre sur la retraite à points.

Des désaccords d’« ampleur », un « bougé » sur les 64 ans

Un engouement qui contraste nettement avec la réaction de la CGT après cette réunion à laquelle participaient également les ministres Catherine Vautrin (Travail, Santé, Solidarité et Familles), Astrid Panosyan-Bouvet (Travail) et Éric Lombard (Économie).

Pour la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, cela a surtout été « l’occasion de constater l’ampleur des désaccords ». Et de pointer déjà la posture des organisations patronales : « Le patronat a rappelé son attachement à la réforme. Il a martelé son refus d’augmenter le financement de nos régimes de retraite. Certaines organisations patronales ont aussi d’ailleurs même porté l’exigence d’un système par capitalisation qui confierait notre régime par répartition à la finance ».

Comme Sophie Binet, sa consœur de la CFDT, Marylise Léon, a elle aussi réaffirmé qu’il fallait « un bougé sur l’âge légal » : « On a toujours été extrêmement clair. 64 ans, c’est non. Donc il y a là un sujet ».

PUBLICITÉ

Quant à la méthode, si la patronne de la CFDT s’est montrée « optimiste » - « On a posé le cadre, beaucoup d’éléments de méthode et de sujet qui peuvent être invoqués par les uns et les autres » - elle ne cache pas ses inquiétudes sur l’« approche globale » de François Bayrou, comme le patron de la CFE-CGC François Hommeril.

« Il considère qu’il faut traiter en même temps la question de la retraite des fonctionnaires et la question de l’équilibre des régimes par répartition », a évoqué, inquiet, le syndicaliste, soutenu par Marylise Léon : « Nous ne souhaitons pas tomber dans le piège d’avoir une discussion qui demande aux salariés du secteur privé de faire des efforts en considérant qu’ils sont responsables de la situation financière du côté public ».

L’enjeu demeure de taille car l’exécutif a prévenu : sans accord des partenaires sociaux, c’est la réforme actuelle qui continuera de s’appliquer. Après ce rendez-vous rue de Grenelle, les organisations doivent rencontrer dans l’après-midi Pierre Moscovici, le président de la Cour des comptes.

À voir également sur Le HuffPost :

Yaël Braun-Pivet dément tout conflit avec François Bayrou (malgré plusieurs désaccords majeurs)

Motion de censure : le discours de Faure et du Parti socialiste illustre le divorce avec la gauche à l’Assemblée