Réforme des retraites: le renseignement craint une radicalisation du mouvement en cas de 49.3
La réforme des retraites obtiendra-t-elle la majorité à l'Assemblée nationale? Le gouvernement sera-t-il contraint d'user de l'article 49.3 pour faire adopter le texte? Au-delà des conséquences politiques de l'application de la réforme, ces questions habitent les services de renseignement et les autorités d'un point de sécuritaire.
Selon une note du renseignement territorial que BFMTV a pu consulter, l'utilisation du 49-3 par le gouvernement devant l'Assemblée nationale fait craindre une radicalisation de la mobilisation. Le "sentiment antidémocratique" éprouvé à l'encontre de cette réforme "serait renforcé par l'utilisation du 49.3, susceptible de contribuer à revivifier la contestation et potentiellement sa radicalisation", écrit le renseignement territorial.
Des manifestants en baisse
Entre 650.000 et 850.000 manifestants sont attendus ce mercredi pour la huitième journée de mobilisation contre la réforme. À Paris, ce sont entre 50.000 et 80.000 personnes qui pourraient défiler dans les rues, selon le renseignement territorial. Un chiffre en baisse par rapport à la mobilisation du 7 mars où 81.000 personnes s'étaient mobilisées dans la capitale, selon le ministère de l'Intérieur.
Les services de renseignement estiment par ailleurs qu'entre 400 et 800 gilets jaunes et 300 à 500 éléments radicaux s'intégreront au cortège syndical. Quelques incidents ont émaillé les cortèges le 7 mars dernier. À Rennes, en marge de la manifestation, un groupe de 400 individus s'est positionné en tête de cortège et a émaillé le parcours "d'exactions", selon la préfecture.
À Nantes, comme à Lille, des échauffourées ont également éclaté à la fin de la manifestation, au moment de la dispersion du cortège. À Paris, la préfecture de police faisait état d'un millier de perturbateurs. Des dégradations ont été commises sur le parcours de la manifestation.
La crainte d'une radicalisation
"Nous faisons face à une détermination monumentale, assure un policier marseillais. Mais dans les manifestations, ça se passe très bien. Il y a quelques événements en fin de cortège mais c'est un épiphénomène." Pour lui, si la réforme des retraites était adoptée par l'utilisation de l'article 49.3, cette radicalisation se traduirait par une situation "qui se tend sur les blocages".
Outre la mobilisation des éboueurs, les actions syndicales vont constituer une part importante de la stratégie syndicale. Mardi, par exemple, la CGT Énergie Rhône a essayé de couper l'électricité à la gare Lyon Part-Dieu, avant de prendre la direction de la permanence de la députée Renaissance Anne Brugnera. Permanence mise en "sobriété énergétique" selon les syndicalistes.
Les élus comme cible?
Ces actions contre les élus pourraient ainsi se multiplier selon le renseignement territorial, et notamment les élus qui voteront jeudi pour la réforme qui pourraient se faire "interpeller de façon virulente à l'occasion de leurs déplacements ou dans leurs permanences". Les centrales nucléaires et centrales hydroélectriques pourraient elles aussi devenir des cibles.
Alors que le renseignement territorial note aussi que les Gilets jaunes sont présents un peu partout et pourraient organiser des actions de péages gratuits, blocages de routes et dégradations de radars, Philippe Martinez assure que, peu importe le chemin législatif du texte, "la colère est là" et que les manifestants vont continuer à l'exprimer.
"Si le gouvernement passe par le 49.3, le moins qu'on puisse dire c'est que ça va poser un grave problème de respect de ce qu'il se passe dans les rues", conclut le leader de la CGT.