Réforme des retraites : Olivier Véran assure que le gouvernement "ne renoncera pas"

Olivier Véran à l'Elysée le 23 novembre 2022 - Bertrand GUAY / AFP
Olivier Véran à l'Elysée le 23 novembre 2022 - Bertrand GUAY / AFP

L'exécutif se montre déterminé à mener son projet de loi jusqu'à son terme, mais exclu, pour l'instant, de s'attarder sur une éventuelle utilisation du 49.3.

49.3 ou pas sur la réforme des retraites ? Pour l'instant, l'exécutif refuse de se prononcer sur cette question et affiche son espoir de parvenir a rallier une majorité à son projet de loi.

Invité de LCI, Olivier Véran s'est montré ferme : "Nous ne voulons pas renoncer, nous ne renoncerons pas à notre réforme des retraites", a martelé le porte-parole du gouvernement. Pour autant, pas question d'évoquer un éventuel passage en force.

"Chemin démocratique"

Certes le "49.3 est un outil constitutionnel", mais "ce n'est pas non-plus un outil qu'on est prêts à dégainer", a cherché à rassurer Olivier Véran. Tout en soulignant que, contrairement au vote du budget où le gouvernement avait dégainé l'article couperet, "tous les groupes d'opposition n'ont pas dit qu'ils ne voteraient pas" la réforme. Une référence notamment au parti Les Républicains, dont les principales têtes sont favorables au projet de loi du gouvernement.

Plutôt que le 49.3, Olivier Véran préfère regarder ce "chemin" pour obtenir un accord "non seulement en commission mixte paritaire" (CMP) ce mercredi - où 7 sénateurs et 7 députés se réunissent pour établir la mouture finale du texte - mais aussi dans "les deux chambres du Parlement".

Le gouvernement veut également s'appuyer sur la dynamique sénatoriale, après que les élus du Palais du Luxembourg ont donné leur feu vert à la réforme des retraites. "Le chemin démocratique que prend notre texte est un chemin qui nous a permis de faire adopter le texte par la majorité sénatoriale qui n'est pas la majorité présidentielle", a insisté Olivier Véran.

De nombreuses incertitudes

Il met le cap sur la CMP pour convaincre les députés, dont beaucoup, "dans ce type de situation sont incertains jusqu'à assez tard". "Si vous avez 10 parlementaires sur les 14 qui disent 'on a trouvé un consensus', ça veut dire, à la fin, que vous avez des représentants des deux chambres, de la majorité et de l’opposition, qui vous disent on a trouvé un accord".

Suffisant pour convaincre les récalcitrants chez Les Républicains et ceux, dans une moindre mesure, dans le camp présidentiel ? Pas sûr du tout. A droite, seulement 15 des 61 députés du groupe LR se disent prêts, pour l'instant, à voter la réforme selon notre comptage BFMTV. Bien loin de la quarantaine de voix nécessaires à la majorité, qui n'est que relative.

Par ailleurs, le camp présidentiel n'est même pas sûr de faire le plein en son sein. Quelques députés, aussi bien de Renaissance qu'Horizons ou du MoDem pourraient s'abstenir. C'est le cas d'au moins trois élues de Renaissance, dont notamment l'ancienne ministre Barbara Pompili. Elles ne sont pas seules. D'autres, comme le député MoDem Richard Ramos pourraient faire de même chez les alliés du parti présidentiel.

"Conditions réunies" pour qu'il ne "nous manque pas de voix"

Malgré la sérénité affichée, Olivier Véran connaît ces éléments et a fait passer quelques messages. L'Isérois, s'est tourné vers les oppositions, estimant que le vote de la réforme des retraites est "une question de responsabilité".

"Traditionnellement, la droite et la gauche de gouvernement sont des partis qui, lorsqu'ils ont été au pouvoir et en demeure de prendre des décisions difficiles, ont toujours su le faire".

Olivier Véran a également envoyé des signaux à son camp. "Je pense que les conditions sont réunies pour qu'il ne nous manque pas de voix", a-t-il estimé pour appeler à l'unité. Avant de s'adresser, implicitement aux réticents : "On a tous fait campagne, moi y compris, sur le fait qu’on allait demander aux Français de travailler plus longtemps."

Le 49.3, un dilemme pour l'exécutif

Jusqu'ici, tout va bien donc. Du moins, le gouvernement pousse cette chansonnette. Olivier Véran a ainsi jugé qu'il "n'est pas prévu de prévoir un 49.3 en Conseil des ministres", ce mercredi, malgré les incertitudes entourant le vote à l'Assemblée nationale. Celui-ci aura lieu ce jeudi, si la CMP s'avère conclusive.

Si l'exécutif se montre confiant, le dilemme est pourtant bien là. Le gouvernement peut-il prendre le risque de voir un texte, présenté par Emmanuel Macron comme "la mère des réformes", être rejeté ? A l'inverse, peut-il s'offrir le luxe d'un 49.3 et éviter d'embraser le pays, ou même l'adoption d'une motion de censure ?

Article original publié sur BFMTV.com

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