Réforme des retraites : l’agenda chargé d’Emmanuel Macron lui permet-il de s’exprimer ?

POLITIQUE - « Françaises, Français, mes chers compatriotes ». À chaque crise du quinquennat précédent, des gilets jaunes au Covid-19, Emmanuel Macron nous avait habitués à des allocutions solennelles, conçues comme des réponses apportées à des moments de fortes tensions. Or, depuis le recours à l’article 49-3 décidé par Élisabeth Borne pour faire passer son impopulaire réforme des retraites, le climat social et politique est particulièrement tendu.

Comme Le HuffPost a pu le constater dans le week-end à Paris, la colère de la rue est montée de plusieurs crans, plusieurs scènes rappelant le précédent des gilets jaunes. Résultat, tout le monde se tourne vers l’Élysée, où Emmanuel Macron est accusé de « se planquer » par les syndicats, qui ne cessent d’alerter sur le caractère explosif de la situation.

Les citoyens aussi attendent une prise de parole présidentielle. Dans un sondage Elabe publié ce lundi 20 mars, 74 % des Français estiment que le chef de l’État « doit prendre la parole dans les prochains jours pour s’exprimer sur la réforme des retraites ». Mais alors, quand s’exprimer ?

Contraintes diplomatiques

Soucieux de se détacher du temps parlementaire, Emmanuel Macron ne devrait pas (selon toute logique) s’exprimer ce lundi, alors que l’Assemblée nationale doit se prononcer sur deux motions de censure déposées après le recours au 49-3. C’était d’ailleurs au nom de la séparation des pouvoirs que les conseillers élyséens justifiaient jusqu’ici le silence du chef de l’État, en dépit des mobilisations records que la réforme provoquait.

À moins de l’adoption d’une motion de censure provoquant la démission du gouvernement (ce qui n’est pas le scénario le plus probable) et aggravant la situation politique, peu de chances de voir Emmanuel Macron sur vos écrans ce lundi. Sauf surprise bien entendu, Emmanuel Macron ayant un faible pour les coups médiatiques.

Alors, une prise de parole mardi ? Voire mercredi ? C’est, selon Politico, BFMTV et La Dépêche, une option plausible, en raison surtout d’un agenda par la suite particulièrement encombré sur le plan diplomatique. Car jeudi 23 et vendredi 24 mars, Emmanuel Macron sera pris par le sommet de l’Union européenne à Bruxelles. Autre avantage de cette option, l’allocution interviendrait avant la nouvelle journée de mobilisation prévue jeudi dans la rue.

D’autant que les jours qui suivent seront toujours aussi remplis sur le plan diplomatique. Dès le dimanche 26 mars, le roi des Britanniques Charles III pose ses valises en France pour sa toute première visite d’État, prévue pour une durée de trois jours. Ce qui repousserait une prise de parole au jeudi 30 mars, loin du souhait de départ d’une communication « rapide », permettant au chef de l’État de passer à autre chose. À moins que la situation ne s’aggrave dans la rue, obligeant Emmanuel Macron à changer ses plans.

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