Réforme des retraites "kamikaze" et loi immigration "insupportable": une députée macroniste quitte son groupe
De très vives critiques pour une marcheuse de la première heure. La députée Sophie Errante annonce quitter le groupe macroniste à l'Assemblée nationale, au lendemain du dévoilement des premiers noms pour intégrer le nouveau gouvernement, dont l'annonce officielle n'est pas attendue avant samedi.
Cette élue de Loire-Atlantique, qui avait fait partie des premiers socialistes à rejoindre Emmanuel Macron en 2017, ne retient pas ses coups contre le camp présidentiel, à commencer par la méthode suivie pour la réforme des retraites.
"On l’a faite en méthode kamikaze. Ça m’a profondément gênée. D’autant que nous avons fait le job (...). Mais le résultat a été, une fois encore, un 49.3 car la loi avait été faite à l’envers", avance la députée, auprès de Mediapart.
La loi immigration, "l'apogée de l'insupportable"
"Vous imaginez que même quelqu’un comme moi, qui suis convaincue qu’il faut adapter la société à une autre manière de travailler, je me serais abstenue si le texte était passé au vote?", juge encore Sophie Errante, qui siégera désormais avec les non-inscrits.
Après des semaines de mobilisation dans la rue contre la réforme des retraites et après des débats express au Parlement dans une atmosphère électrique, Élisabeth Borne avait dégainé la carte du 49.3. Dans la foulée, la Première ministre de l'époque avait dû affronter une motion de censure et n'avait échappé au renversement de son gouvernement qu'à 9 voix près.
Sophie Errante regrette tout autant le déroulement de la loi immigration, défendue depuis des mois par Gérald Darmanin, et qui avait failli faire exploser la majorité en décembre dernier. Le texte, d'abord rejeté par les députés avant même d'être examiné, avait finalement été adopté avec les voix du RN avant d'être largement retoqué par le Conseil constitutionnel.
"On était à l’apogée de l’insupportable. Le groupe venait de se fracturer sur la réforme des retraites, on avait fait plus de quinze 49.3 en deux ans, et on remettait encore une couche", analyse Sophie Errante qui a voté contre la loi.
Elle dénonce les "jeux de posture"
"Durant la loi immigration, j’ai aussi entendu des propos de certains de mes collègues sur la prétendue 'submersion migratoire' qui étaient intolérables… Je me suis dit : 'Tu t’es gourée de camp ou quoi?'", rapporte la parlementaire.
Avant de pointer "l’agenda politique des uns et des autres", sans cependant donner de nom.
"Autant j’adore les débats, les coalitions, les négociations, mais la guerre des coups de menton, les jeux de posture, les rapports de force, ça ne m’intéresse pas", tance-t-elle encore.
Le choix de Michel Barnier contesté
Depuis l'arrivée de Michel Barnier à Matignon, Gabriel Attal et Gérald Darmanin ont joué le bras de fer avec le nouveau Premier ministre. L'ex-chef du gouvernement a publiquement demandé à "y voir plus clair" pour décider de "la participation" de son camp au gouvernement.
Quant au ministre démissionnaire de l'Intérieur, il a laissé planer la menace d'une motion de censure contre Michel Barnier à l'Assemblée nationale en cas de hausse d'impôts.
"Le problème, c’est pourquoi nous en sommes arrivés là. Ce choix de Barnier est-il fait pour fracturer? Gouverner? Apaiser? Je ne le sais pas encore", regrette Sophie Errante.
Ces dernières semaines, plusieurs députés Renaissance ont quitté le camp présidentiel, à l'instar de l'ancien président de la commission des Lois et co-fondateur des Jeunes avec Macron Sacha Houlié ou encore Charlotte Parmentier-Lecocq.