Réforme des retraites : La gauche ironise sur « l’amour » entre LR et la majorité dans la CMP
POLITIQUE - Parent 1 et parent 2 ? La gauche accuse Les Républicains et le gouvernement d’avoir pactisé pour accoucher d’une réforme des retraites porteuse de régressions sociales. C’est en tout cas la petite musique que certains élus ont essayé de faire monter ce mercredi 15 mars, en marge de la décisive Commission mixte paritaire.
Comme attendu, 14 parlementaires (et leurs 14 suppléants) ont trouvé un compromis sur le texte qui sera désormais soumis à la validation des deux chambres. Or, les conclusions qui ressortent de ce conclave censé se tenir à huis clos, donnent de nombreux arguments à ceux qui pourfendent le projet… Et battent définitivement en brèche la théorie d’une « réforme de gauche. »
« C’est l’amour total là », a ainsi ironisé l’écologiste Sandrine Rousseau dès la mi-journée dans les couloirs de l’Assemblée nationale, comme vous pouvez le voir ci-dessous, avant d’insister : « l’amour est dans la CMP », entre les macronistes et la droite.
"On a un texte avec 230 modifications nocturnes", déplore @HadrienClouet, "on a besoin de quelques heures de boulot… https://t.co/ML6EPj8MEr
— LCP (@LCP) Voir le tweet
Sans surprise, Élisabeth Borne a effectivement poursuivi la stratégie qu’elle a adopté depuis la présentation de son projet : choyer Les Républicains pour obtenir une majorité de voix qu’elle n’a pas avec son propre camp à l’Assemblée nationale. Central pour le devenir de cette réforme, le parti n’a cessé d’obtenir des concessions, aujourd’hui encore.
« Le gouvernement s’est couché »
Une situation qui a provoqué les réactions plus ou moins aigres de la gauche, impuissante pour cette nouvelle étape législative, car très minoritaire au sein de la CMP. « Le gouvernement s’est couché », a par exemple cinglé la sénatrice socialiste Monique Lubin devant les journalistes, lors d’une interruption en fin de matinée, en regrettant que « le gouvernement ait quasiment tout accepté de ce que demandaient les Républicains. »
Concrètement, les parlementaires socialistes, insoumis, écolos ou communistes estiment que le texte adopté aujourd’hui en CMP, après une dernière nuit de tractations entre la macronie et la droite, « présente des reculs par rapport à ce qui nous a été présenté dans l’hémicycle ». Ils fustigent par exemple le retrait de dispositions sur la reconnaissance de l’exposition aux risques chimiques, la suppression de certaines mesures votées sous l’impulsion de la gauche… Ou les évolutions du dispositif carrières longues.
Ces élus estiment effectivement que Les Républicains se font « rouler dans la farine » par l’exécutif concernant les Français qui commencent à travailler tôt, un des thèmes qui leur sont chers. Le député du Lot Aurélien Pradié, et une partie de ses collègues demandent que tous les bénéficiaires du dispositif carrières longues (qui ont commencé à travailler avant 21 ans) ne cotisent pas plus de 43 annuités, sans considération d’âge légal.
Quand LR atteste la théorie du mariage arrangé
Or, le bruit a couru dans les couloirs de l’Assemblée que le gouvernement allait accéder à cette demande en CMP. Ce qui n’est manifestement pas le cas, de l’aveu même de plusieurs élus qui soutiennent la réforme. « Ça n’est pas l’amendement Pradié qui était beaucoup plus large », a ainsi confirmé le député MoDem Philippe Vigier, devant les journalistes à l’Assemblée.
En réalité, « un tiers des gens en carrière longue devraient cotiser plus » que les 43 annuités, insiste Manuel Bompard à l’unisson d’Olivier Faure sur les réseaux sociaux. Dans ces conditions, le coordinateur de La France insoumise invite les députés LR à « ne pas se laisser rouler dans la farine ». Un appel à la vigilance qui tombe clairement dans le vide en cette fin de journée.
Comme un symbole, le groupe LR a envoyé un communiqué annonçant un accord au sein de la CMP… Avant même que celle-ci ne termine ses travaux, en fin d’après-midi. Un texte, diffusé aux journalistes, qui se vantait d’un accord et de trois avancées pour les Français.
Il n’en fallait pas plus à la gauche pour se gausser de cette erreur, et critiquer une procédure verrouillée depuis le début. « Olivier Marleix était peut-être un peu trop pressé d’annoncer le Pacs ou le mariage d’amour… », s’est marré le socialiste Arthur Delaporte en sortant immédiatement de la salle de la Commission après cette petite boulette. Les fiançailles ont été scellées quelques minutes plus tard.
À voir également sur Le HuffPost :
Grève des éboueurs à Paris : Darmanin demande à Hidalgo de « réquisitionner » du personnel
Retraites : Contre le 49.3, une pétition à l’engouement « fulgurant »