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Réforme des retraites: un dîner à l'Élysée pour fixer la méthode

Réforme des retraites: un dîner à l'Élysée pour fixer la méthode

Un dîner pour pouvoir enfin trancher. Emmanuel Macron réunit ce mercredi soir rue du Faubourg Saint-Honoré les poids lourds du camp présidentiel avec un objectif: parvenir à mettre d'accord l'ensemble de la majorité sur la méthode pour allonger l'âge de départ à la retraite.

Deux camps s'affrontent. D'un côté, on trouve les partisans d'une méthode rapide, à commencer par Édouard Philippe et Alexis Kohler, le puissant secrétaire général de l'Élysée. De l'autre, François Bayrou, le principal allié de la macronie à l'Assemblée nationale, qui n'a pas hésité à faire part de ses réticences devant la méthode envisagée par l'exécutif, craignant un "passage en force" au Parlement.

"Trouver une solution qui met tout le monde d'accord"

"On se met tous autour de la table pour trouver une solution qui met tout le monde d'accord. À la fin de la soirée, l'idée est bien qu'on ait tranché la méthode et qu'on puisse avancer", décrypte l'entourage de Franck Riester, le ministre délégué aux Relations avec le Parlement, auprès de BFMTV.com.

Ce rendez-vous s'est imposé alors que l'option d'abord envisagée par le président - celle d'un amendement dans le budget de la sécurité sociale à l'automne - a du plomb dans l'aile.

Elle a pourtant l'avantage de s'assurer que le report de l'âge de départ à la retraite soit voté à l'automne, permettant à Emmanuel Macron de montrer son ADN de président réformateur.

"À repousser, on risque d'avoir encore plus de difficultés"

Mais cette approche qui crispe les syndicats pourrait bien déboucher sur un 49.3 , loin de "la nouvelle méthode démocratique" vantée par le président. De quoi crisper jusqu'à la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et pousser le président à revoir sa copie.

Parmi les autres possibilités qui seront sur la table ce mercredi soir: un projet de loi dédié à la réforme des retraites présenté devant le Parlement à l'hiver prochain. La méthode "permettrait de laisser le temps du dialogue avec les syndicats et de poser le sujet de la pénibilité, des annuités, des carrières hachées", soutient Fadila Khattabi, la présidente Renaissance de la Commission des affaires sociales.

"On ne sait pas vraiment quelle sera la situation économique du pays en janvier prochain. La croissance risque de ralentir, les aides à l'essence pourraient s'arrêter. À repousser, on risque d'avoir encore plus de difficulté, sans compter que les débats peuvent vraiment s'éterniser", argue cependant un poids lourd de la majorité, qui n'y croit guère.

Autre problème: le recours très probable au 49.3 pour faire voter le texte - au risque de griller une "cartouche". Le gouvernement n'a le droit d'utiliser cette arme législative qu'à une seule reprise par an en dehors des textes budgétaires.

Une troisième voie, qui ferait "plaisir à tout monde"

Dernière option, qualifiée de "sérieuse" par l'entourage du chef de l'État auprès de BFMTV: le recours à un projet de loi de financement rectificatif de la sécurité sociale, un "PLFRSS" dans le jargon parlementaire.

Technique, la manœuvre permettrait de s'assurer d'un examen relativement rapide au Parlement au début de l'année 2023. Cette possibilité offrirait aussi une petite victoire à François Bayrou - un bénéfice loin d'être inutile alors que le gouvernement a besoin de ses 49 députés à l'Assemblée nationale.

"Si ça permet de faire plaisir à tout le monde, allons-y. On va voir si cette option permet de détendre un peu l'atmosphère autour de la table", décrypte François Patriat, le patron des sénateurs macronistes.

La fumée blanche devrait sortir de l'Élysée "en fin de semaine", comme l'a annoncé lundi Élisabeth Borne sur BFMTV. Hasard du calendrier: Emmanuel Macron sera vendredi à Pau sur les terres du patron du Modem. De quoi peut-être peser dans la balance du président.

Article original publié sur BFMTV.com