Réforme des retraites : La CFDT et Marylise Léon fixent leurs conditions avant les négociations

« Un bougé sur les 64 ans » : la CFDT fixe ses conditions sur la réforme des retraites
THOMAS SAMSON / AFP « Un bougé sur les 64 ans » : la CFDT fixe ses conditions sur la réforme des retraites

POLITIQUE - « Saisir l’opportunité. » La numéro un de la CFDT Marylise Léon accorde plusieurs bons points au gouvernement ce jeudi 16 janvier, quelques heures avant le vote de la première motion de censure de l’ère François Bayrou à Matignon. Elle salue notamment le « conclave » annoncé par le Premier ministre sur la réforme des retraites… malgré certaines réserves sur la méthode.

Avant la motion de censure contre François Bayrou, les socialistes sous les pressions de la gauche et de la droite

Pour la syndicaliste, cette négociation entre partenaires sociaux est « la reconnaissance que cette réforme est injuste socialement. » « C’est important que ce signal soit envoyé, parce qu’il n’y en a eu aucun de la part de l’exécutif de l’époque, malgré des millions de travailleurs dans la rue. Ce serait les trahir que de ne pas saisir cette opportunité », plaide-t-elle dans les colonnes de Libération, à l’heure où la gauche s’écharpe sur la ligne à tenir.

Une approche constructive, mais qui n’empêche pas Marylise Léon de remplir sa liste de revendications. Les représentants patronaux « ne peuvent pas continuer à faire l’autruche » sur les attentes sociales, estime-t-elle, en listant les trois principaux sujets qui seront mis au cœur des discussions par son organisation.

« Responsabilité immense »

« Pour qu’on soit clairs, il faut un bougé sur les 64 ans. Il faudra aussi une mesure sur la pénibilité, une mesure sur l’égalité femmes-hommes, et une mesure sur l’âge », énumère ainsi secrétaire générale de la CFDT, le premier syndicat dit « réformiste. » Concrètement, elle entend par exemple réclamer la remise à plat de « droits familiaux et conjugaux » ou « la réintégration des critères de pénibilités » dont certains ont été rayés par Emmanuel Macron en 2017.

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Quant au totem de l’âge l’égal de départ en retraite, repoussé de deux ans dans la réforme Borne, Marylise Léon explique : « Notre position aujourd’hui, c’est le retour à 62 ans. Après, il y a l’équilibre budgétaire, la possibilité de faire reconnaître des critères… Tout ça fera un ensemble. » Une façon de faire comprendre que la CFDT ne s’arc-boutera pas sur un éventuel retour à la retraite à 62 ans.

Dans ce contexte, la syndicaliste regrette malgré tout les quelques bornes imposées par François Bayrou pour ses discussions. Ainsi, elle affirme qu’elle contestera le chiffrage de la Cour des comptes (censé servir de base aux travaux) si elle reprend l’estimation claironnée par le gouvernement sur le déficit du système (55 milliards d’euros quand le Conseil d’orientation des retraites, parle de 10 à 15 milliards).

Marylise Léon regrette également « le choix délibéré » du Premier ministre de mettre les organisations patronales en position de force après avoir refusé de suspendre la réforme décriée, le temps des discussions. « J’espère que le gouvernement sera donc plus exigeant avec le patronat, dont la responsabilité est immense », lance-t-elle, rejoignant ainsi ceux qui craignent un « droit de véto » donné au Medef dans ce conclave.

Gageons que le passage du « patron des patrons » ce jeudi matin sur France inter n’aura pas de quoi les rassurer. Interrogé sur l’âge de départ à 64 ans, Patrick Martin a refusé de dire s’il était ouvert ou non à la négociation, reprenant plutôt l’argument du gouvernement sur le poids de la dette et l’antienne de son organisation pour la retraite par « capitalisation. »

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