Réforme des retraites : Calendrier, grèves, concertation… Où en est le projet de loi ?

Calendrier, négociations, report...: on en est ou de la réforme des retraites ? (photo d’illustration d’Olivier Dussopt et Elisabeth Borne prise en juillet 2022)
LUDOVIC MARIN / AFP Calendrier, négociations, report...: on en est ou de la réforme des retraites ? (photo d’illustration d’Olivier Dussopt et Elisabeth Borne prise en juillet 2022)

POLITIQUE - Noël, sa magie, ses chocolats, ses cadeaux. Et sa réforme des retraites. Le gouvernement continue d’avancer ses pions pour mener à bien le projet phare promis par Emmanuel Macron depuis 2017. En coulisse, le dernier tour de négociations vient de s’ouvrir autour d’Olivier Dussopt au ministère du Travail et les syndicats prévoient de se voir rapidement pour parler riposte.

Sur le devant de la scène, la Première ministre a pris la parole pour confirmer la volonté de l’exécutif d’aller vite sur ce texte impopulaire. « Cette réforme s’inscrit dans notre objectif de plein-emploi : c’est le travail qui permettra de préserver notre modèle social », a ainsi martelé Élisabeth Borne dans les colonnes du Parisien ce jeudi 1er décembre, avant de recevoir le gouvernement à Matignon le lendemain pour plancher exclusivement sur la question.

Objectif : sortir le texte de sa hotte avant même la fin de l’année. Un cadeau de dernière minute – certes prévu de longue date – qui pourrait provoquer la colère des syndicats, et des Français, massivement opposés à toute idée de recul de l’âge de départ en retraite.

Un calendrier « serré »

Précisément, le gouvernement prévoit de faire ses annonces le jeudi 15 décembre, à la veille des vacances scolaires de fin d’année. « Nous tiendrons le calendrier et la présentation de la réforme aura lieu avant les vacances de Noël, comme prévu, à l’issue des concertations avec les organisations patronales et syndicales », confirme la Première ministre dans son interview.

Pour la suite, la locataire de Matignon vise une présentation en Conseil des ministres au début du mois de janvier pour des discussions à l’Assemblée nationale « au printemps », selon ses mots, toujours au Parisien. L’exécutif sera alors dans les clous de la promesse présidentielle, Emmanuel Macron ayant demandé un texte « avant la fin de l’hiver » à sa Première ministre. Un calendrier contraint et pressé ?

« C’est serré oui », nous confirme un cadre de la majorité au Palais Bourbon, ce samedi matin, pour qui accélérer le tempo est indispensable : « Si ça passe au Conseil d’État, il faudrait même aller plus rapidement au Parlement ». Le but : une entrée en vigueur progressive à l’été 2023, pour les générations nées à partir du deuxième semestre 1961.

Restent de nombreuses inconnues. Car si le calendrier est relativement clair, les contours du texte le sont moins, pour le moment. « Les concertations ne sont pas terminées et tous les arbitrages ne sont pas encore rendus », explique Élisabeth Borne. Certaines hypothèses tiennent malgré tout la corde. Pour « assurer l’équilibre » financier du système et « l’améliorer » avec de « nouveaux droits » – les objectifs affichés vendredi par le ministre du Travail –, la piste avancée par Emmanuel Macron d’un « relèvement progressif de l’âge de départ », à 64 voire 65 ans – contre 62 actuellement –, reste privilégié.

« Pour nous, l’engagement porté dans la campagne, c’est 65 ans », rappelle la Première ministre dans son entretien, « c’est ce qui permet de ramener le système à l’équilibre dans les dix ans. » Problème : c’est une ligne rouge pour les syndicats.

Des mobilisations sociales pour Noël ?

Et les mots de la cheffe du gouvernement ne semblent pas propices à aplanir les désaccords. « Cette interview, je ne la comprends pas, dans le tempo, et je ne vois pas ce qu’elle apporte sur le fond », a notamment réagi vendredi Laurent Berger le secrétaire général de la CFDT, syndicat pourtant présenté comme « réformiste », en marge du lancement des Assises du travail à Paris.

« Nous, on va (...) continuer de jouer le jeu de la concertation. Et ensuite, c’est clair : la CFDT, s’il y a report de l’âge légal de départ en retraite (...), elle s’opposera par tous les moyens, et notamment on essaiera de s’y opposer de manière intersyndicale. C’est clair, net, précis », a-t-il encore expliqué, trois jours avant une rencontre avec l’ensemble des syndicats nationaux au siège de la FSU.

Les huit (la CFDT, la CGT, FO, la CFE-CGC, la CFTC, l’Unsa, Solidaires et la FSU) ont prévu de se voir dans la soirée du lundi 5 décembre aux Lilas (Seine-Saint-Denis) pour se concerter sur l’organisation de la riposte. Une façon de faire planer le spectre d’une éruption sociale avant Noël ? L’enjeu pour eux résidera surtout dans le fait maintenir une unité et de trouver le bon tempo pour se mobiliser alors qu’il est parfois difficile de soulever les foules avant les fêtes.

Reste également à savoir si les contreparties au report de l’age de départ en retraite, ou les garanties confirmées par l’exécutif suffiront pour passer l’hiver au chaud. Et retarder les mobilisations sociales dans un contexte inflationniste potentiellement éruptif. On parle par exemple de la retraite minimum à 1 200 euros ou de la suppression des régimes spéciaux réservée aux « nouveaux entrants ». Des bonbons suffisants pour une trêve de Noël ?

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