Réforme des retraites : au Sénat, Bruno Retailleau prépare des transformations
POLITIQUE - C’est un tout autre match qui va se jouer à partir du 2 mars au Sénat. Après deux semaines d’examen compliqué dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, la chambre haute - à majorité de droite - s’empare de la réforme des retraites et entend bien y laisser sa trace.
C’est d’ailleurs l’objectif de l’offensive menée ce dimanche 26 février par Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR, groupe majoritaire, et candidat malheureux à la présidence de son parti en décembre. Dans un entretien accordé au Parisien, le sénateur vendéen déploie ses propositions.
Premier enjeu pour le sénateur LR : améliorer la réforme pour les femmes qui ont eu des enfants. Au nom d’une politique « nataliste ambitieuse », Bruno Retailleau leur propose un départ anticipé à 63 ans ou un départ à 64 ans, mais avec une « une surcote de 5 % » et si possible leur laisser « le choix entre les deux mesures ».
« Pourquoi pas, il faut voir comment c’est formulé », Olivier Dussopt
Invité de BFMTV le même jour, le ministre du Travail, Olivier Dussopt ne ferme pas la porte à cette mesure. « Nous sommes ouverts à travailler sur ce point-là », répond-il à propos de cette mesure pour les femmes qui ont eu des enfants tout en prévenant : « Des âges différenciés entre les hommes et les femmes, ce n’est pas très juste. »
Autre volonté de Bruno Retailleau, accélérer la fin des régimes spéciaux afin de ne pas attendre « 43 ans » pour que cette mesure soit en place. « Pourquoi pas, il faut voir comment la proposition est formulée », répond Olivier Dussopt, tout en tenant à la « clause du grand-père ». Cette disposition consiste à conserver le régime spécial pour ceux qui ont signé leur contrat ainsi, mais à intégrer au régime général les nouveaux embauchés.
Retraites: Olivier Dussopt (@olivierdussopt) ouvert à l'idée d'accélérer la suppression des régimes spéciaux https://t.co/Sg6EX3cJZj
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La veille déjà, samedi 24 février, dans les allées du salon de l’Agriculture, le président de la République Emmanuel Macron avait appelé le Sénat à « enrichir » le projet de loi « avec ce qui lui paraît utile ». « J’ai vu (que) le Sénat voulait faire avancer les choses sur la politique familiale et les droits des femmes. Je pense que le gouvernement abordera (ce débat) avec de l’ouverture et de la volonté d’engager pour bâtir une majorité derrière ce texte », a fait savoir le Président. Message passé et compris au sein de son gouvernement.
Quid des carrières longues ?
Inconnue à ce stade : qu’en sera-t-il des carrières longues ? La Première ministre a concédé les 43 annuités pour ceux qui ont commencé à travailler à 20 et 21 ans souhaitées par Aurélien Pradié, trublion de LR à l’Assemblée qui vient de perdre son poste de numéro 2 de LR pour avoir trop fait entendre sa propre musique.
Son ex-adversaire au congrès de LR, Bruno Retailleau, pourrait vouloir prendre sa revanche au Sénat et ne pas tout accepter en termes de carrières longues. « J’ai demandé à la Première ministre de faire le point très précisément sur la situation budgétaire de la réforme. Elle devait initialement rapporter 17,7 milliards d’euros d’économies ; 6 milliards ont été consommés par des mesures d’accompagnement légitimes, et un certain nombre d’engagements ont été pris à l’Assemblée. Nous voulons savoir combien cela coûte », prévient le sénateur qui préfère financer en priorité sa mesure pour les femmes.
Invitée de « Dimanche en politique » sur France 3 le même jour, la porte-parole des Marcheurs à l’Assemblée nationale, Prisca Thevenot, a ironisé en assurant qu’« il continue à y avoir une primaire interne cachée chez Les Républicains ».
🔵#Réformedesretraites "Il continue à y avoir une primaire interne cachée chez @lesRepublicains" estime… https://t.co/czejudTl3Q
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Tout l’enjeu est de savoir si le Sénat dénaturera le texte au point que les Marcheurs ne s’y retrouvent pas. La commission mixte paritaire (CMP) qui se réunira à l’issue de l’examen du texte au Sénat composée de 7 députés et 7 sénateurs promet de ne pas être aussi calme qu’attendue…
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