Réforme des retraites : après le 49.3, les syndicats ripostent sur le pavé

THOMAS SAMSON / AFP

Immédiatement après l’activation du 49.3, une foule s’est massée spontanément place de la Concorde. Et ce alors que l’intersyndicale se réunira dans la soirée pour définir les prochaines étapes de la mobilisation.

POLITIQUE - Réaction immédiate. Dans les minutes qui ont suivi le déclenchement de l’article 49.3 par Élisabeth Borne pour faire passer la réforme des retraites sans vote à l’Assemblée, les syndicats ont tout de suite annoncé riposter ce jeudi 16 mars, pendant qu’un rassemblement plus ou moins spontané voyait des milliers de manifestants se masser sur la place de la Concorde, à Paris.

C’est en premier Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, qui s’est empressé d’annoncer à l’AFP de « nouvelles mobilisations » à venir, estimant sur Twitter que le « compromis politique a échoué ».

« Évidemment qu’il y aura de nouvelles mobilisations, parce que la contestation est extrêmement forte. On a déjà énormément de réactions de la part des équipes syndicales. On décidera ensemble dans une intersyndicale », qui se tiendra ce jeudi soir au siège de la CGT, a-t-il ajouté.

« Constitutionnel », oui. « Légitime », non.

« L’accumulation fait qu’il y a un déni de démocratie sociale », a complété le président de la CFTC Cyril Chabanier. « Si le 49.3 est constitutionnel et légal, ce n’est pas légitime, surtout après avoir déjà utilisé le 47-1 à l’Assemblée et le 44-2 au Sénat ». Quant au co-délégué général de Solidaires, Simon Duteil, il estime que « le 49.3 sur la réforme des retraites c’est 100 % déni de démocratie ».

« C’est pour l’exécutif une triple défaite : populaire, morale et politique. L’Unsa ne laissera pas faire », a tweeté de son côté le secrétaire général de l’organisation, Laurent Escure.

Autre homme fort de l’intersyndicale, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez a enfin affirmé que « la mobilisation et les grèves doivent s’amplifier ». « La mobilisation des citoyens sous l’impulsion des organisations syndicales n’a pas permis au président de la République d’avoir une majorité pour voter sa loi. Le passage en force avec l’utilisation du 49.3 doit trouver une réponse à la hauteur de ce mépris du peuple », a-t-il écrit dans un message.

Rassemblement place de la Concorde

D’ailleurs, la CGT est déjà à la manœuvre dans la capitale française, où plusieurs bâtiments étaient occupés dans l’après-midi par des manifestants opposés à la réforme des retraites. Notamment l’entrée du ministère de la Culture, où le SNJ-CGT a pris place, et l’Hôtel de la Marine, où une banderole de la CGT-spectacle et de CGT-CMN a été déployée.

Et dans le même temps, un rassemblement autorisé contre la réforme continue de prendre forme sur la place de la Concorde, où se trouvent également plusieurs élus et personnalités politiques opposées à cette réforme. Sur place, Jean-Luc Mélenchon, a d’ailleurs fustigé un « texte qui n’a pas de légitimité parlementaire, qui n’en a pas dans la rue et qui n’en a pas dans les sondages », avant d’ajouter que « les syndicats appellent à la poursuite de l’action, et c’est à ça que nous allons nous atteler ».

Un scénario anticipé

Dès mardi, soit deux jours avant l’utilisation du 49.3 par Élisabeth Borne dans l’hémicycle, le président du syndicat CFE-CGC, François Hommeril, avait déjà esquissé les grandes lignes d’un scénario sans vote à l’Assemblée.

« Si le texte est adopté par 49.3, on continuera à lutter, avait-il affirmé sur franceinfo, je souhaite qu’il y ait un vote pour qu’on sache si ce projet est rejeté ou non par l’Assemblée nationale ». En cas de 49.3, « ça change tout : on considérera qu’on a affaire à un accident démocratique ».

Un son de cloche similaire à l’Unsa, comme l’a déclaré Dominique Corona, numéro du syndicat, toujours sur franceinfo, jeudi matin. « Mobilisation ne veut pas forcément dire manifestation. Cela fait partie des options, mais il y en a d’autres, comme celle du Conseil constitutionnel, celle des décrets d’application quand ils vont tomber… Nous avons toute une panoplie d’actions possibles. Et vous savez, quand on est contre une réforme, on continue à combattre. »

Reste désormais à savoir ce que décideront les syndicats jeudi soir lors de l’intersyndicale. Transports, raffineries, éboueurs… les options ne risquent pas de manquer pour continuer de mobiliser contre la réforme du gouvernement.

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