Réforme des retraites: les élus de gauche au Sénat veulent un référendum
"Nous allons nous battre". Patrick Kanner, le numéro 1 des sénateurs socialistes, a donné le ton ce mercredi après-midi, à 24 heures des premiers pas de la réforme des retraites dans l'hémicycle du Sénat.
Pour contrer la réforme, les écologistes, les communistes et les socialistes présenteront vendredi une motion référendaire - les insoumis n'ont pas de groupe à la chambre haute.
Un référendum quasi impossible
Ils prennent ainsi exemple sur leurs collègues députés, alors que la Nupes et le Rassemblement national avaient également déposé une motion référendaire à l'Assemblée nationale pendant les débats.
L'objectif: obtenir l'organisation d'un référendum sur la question des retraites et suspendre la discussion du projet de loi actuel de l'exécutif. Pour autant, ce scénario n'a quasiment aucune chance d'aboutir.
Pour être adoptée, cette disposition doit recueillir, dans un premier temps, une majorité des suffrages au Sénat. Problème: la composition actuelle de l'hémicycle, où les sénateurs de droite et les centristes sont très majoritaires, rend improbable un vote en faveur de la motion.
D'autant plus que les sénateurs LR n'ont eu de cesse ces dernières années de faire voter à chaque budget de la sécurité sociale la retraite à 64 ans.
Retarder l'article 7 sur la retraite à 64 ans
Et même en cas d'adoption, l'Assemblée nationale devrait elle aussi dire oui. Mais la manœuvre a déjà échoué de ce côté-ci du Parlement mi-février. Enfin, même si les députés votaient pour, le dernier mot de l'organisation ou non d'un référendum reviendrait au président, conformément à l'article 11 de la Constitution.
Une hypothèse impossible, comme l'ont répété à plusieurs reprises les ténors de la majorité. Autant dire que cet outil a tout de la tactique parlementaire pour bien signifier au gouvernement que la gauche sénatoriale ne compte pas plier.
Au cœur de la stratégie fixée collectivement par les groupes PS, écologiste et communiste: parvenir - contrairement aux députés - à débattre du très emblématique article 7, qui recule l'âge de départ à la retraite à 64 ans, mais pas avant le 7 mars. Les syndicats, qui ont appelé à "mettre la France à l'arrêt" ce jour-là, espèrent une mobilisation massive pour faire bouger les lignes politiques.
Une absence de vote au Sénat, une mauvaise nouvelle pour l'exécutif
Pour parvenir à cet objectif, l'union de la gauche compte s'appuyer sur les classiques du débat parlementaire pour gagner du temps, entre motions de procédure, prise de parole avant chaque article et chaque amendement.
Les sénateurs comptent bien également demander des explications de vote avant chaque scrutin avec pour but de ne pas aller au bout du texte le 12 mars prochain, la date fixée par le gouvernement pour finir les débats.
De quoi donner quelques sueurs froides à l'exécutif. En l'absence de vote, cela signifierait que cette réforme emblématique n'a été légimitée ni par l'Assemblée nationale, ni par le Sénat, rendant très compliquée la suite du texte.
Franck Riester a déjà mis sous pression la gauche. "J’espère que la gauche sénatoriale ne fera pas d’obstruction parlementaire, nous jugerons sur pièce", a lancé le ministre délégué des Relations avec le Parlement ce mercredi après-midi sur Public Sénat.