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Réforme des retraites : Élisabeth Borne braque les oppositions sur l’âge légal « plus négociable »

En affirmant ce 29 janvier que le recul de l’âge de départ à la retraite n’était « pas négociable », la Premièe ministre Élisabeth Borne braque l’opposition.
BERTRAND GUAY / AFP via Getty Images En affirmant ce 29 janvier que le recul de l’âge de départ à la retraite n’était « pas négociable », la Premièe ministre Élisabeth Borne braque l’opposition.

POLITIQUE - Élisabeth Borne est catégorique : le recul de l’âge légal à 64 ans n’est « plus négociable ». De quoi crisper les opposants à la réforme des retraites, qui voient dans les propos de la Première ministre une « provocation » pour certains, un « coup de menton » pour d’autres.

« Ça n’est plus négociable, la retraite à 64 ans et l’accélération de la réforme Touraine » qui allonge progressivement la durée de cotisation, a affirmé sur franceinfo Élisabeth Borne. Un message de fermeté sur un point qui cristallise la colère des opposants. La CFDT, considérée comme un syndicat réformiste, a fait du report de l’âge de départ sa ligne rouge et a rejoint l’intersyndicale sur cette revendication.

La sortie de la Première ministre a donc exacerbé les opposants au texte ce dimanche. « Je demande à la Première ministre de respecter la liberté des Français de dire non à cette réforme […]. Si le gouvernement s’entête, comme elle le fait aujourd’hui, c’est vraiment une provocation à 48 heures de la manifestation du 31 janvier », s’insurge le député PCF Fabien Roussel, invité de CNEWS, Europe 1 et Les Échos. « La Première ministre a fait le choix du chaos social », estime-t-il.

Sur BMTV, le patron des insoumis Manuel Bompard abonde et accuse la cheffe du gouvernement de « bomber le torse », tandis que d’autres parlementaires reprennent l’expression de la Première ministre contre elle : « On est d’accord. Ce n’est pas négociable. C’est non », tacle ainsi la sénatrice écologiste Mélanie Vogel.

La NUPES, vent debout contre la réforme, appelle d’une même voix à suivre la mobilisation de l’intersyndicale le 31 janvier. Sur BMTV, l’eurodéputée LFI Manon Aubry avait espéré samedi soir « le double » du nombre de manifestants du 19 janvier, où entre 1 et 2 millions de personnes étaient descendues dans la rue.

Borne « ne devrait pas trop s’avancer », met en garde Le Pen

Mais la gauche n’est pas la seule à s’indigner des propos d’Élisabeth Borne. La patronne des députés RN Marine Le Pen a mis en garde la cheffe de l’exécutif lors d’un déplacement dans le Pas-de-Calais, lui conseillant de ne « pas trop s’avancer » sur sa réforme des retraites car « il n’est pas du tout impossible qu’elle ne soit pas votée ». L’ancienne candidate à la présidentielle a assuré qu’elle ferait « tout pour convaincre, y compris des élus qui sont d’autres groupes, de ne pas se fourvoyer dans cette réforme aussi injuste que brutale et inefficace ».

À droite, où une partie des députés est prête à voter la réforme, le député du Lot Aurélien Pradié n’a pas caché son inquiétude après la sortie de la Première ministre, alors qu’il se montrait optimiste sur la volonté de dialogue du gouvernement. « J’avoue que le petit coup de menton de ce matin commence à me faire penser que, au fond, les macronistes ne changeront jamais », déclare sur France 3 le secrétaire général des Républicains.

Des évolutions encore possibles ?

Si l’exécutif affiche sa fermeté sur les mesures paramétriques, Élisabeth Borne continue à appeler les parlementaires à « enrichir » le texte. « Il y a eu des sujets sur lesquels il y a eu des concertations, il y a eu des évolutions, il peut y en avoir sur certains paramètres encore », assure le ministre des Transports Clément Beaune sur le plateau du Grand Jury.

La cheffe du gouvernement se montre ainsi ouverte à l’instauration par les députés d’une clause de revoyure de la réforme, réclamée par une partie des députés LR et par le MoDem. Surtout, elle suggère une évolution possible du projet en vue d’une meilleure utilisation des trimestres « éducation » et « maternité » obtenus par les femmes au cours de leur carrière. « Dès aujourd’hui, il y a beaucoup de femmes qui ne peuvent pas les utiliser à plein, on est en train d’analyser la situation de ces femmes », assure-t-elle.

Néanmoins, Clément Beaune estime qu’« il faut assumer un projet politique ». « On sait que c’est une réforme difficile qui, à beaucoup d’égards, suscite des questions et parfois des oppositions. Je ne connais pas de réforme de transformation importante votée à l’unanimité dans un consensus enthousiaste », ajoute-t-il.

Le patron du MoDem François Bayrou a lui aussi soutenu la cheffe du gouvernement. Le recul de l’âge, « c’est le cœur de la réforme », a-t-il souligné sur France Inter. « Si on disait que la réforme, ça n’est plus le décalage pour qu’il y ait plus de personnes qui travaillent, alors il n’y aurait plus de réformes », observe-t-il.

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