Réforme de la police: le procureur général de Versailles évoque un premier bilan "pas favorable"

"Le premier bilan n'est pas favorable" un an après la mise en oeuvre de la réforme de la police, a critiqué mardi le procureur général de la cour d'appel de Versailles, Marc Cimamonti, lors de l'audience solennelle de rentrée de la juridiction.

Les "objectifs de la réforme n'apparaissent pas atteignables", a déclaré le magistrat dans son discours, prononcé devant le garde des Sceaux Gérald Darmanin, qui avait piloté cette réforme lorsqu'il était ministre de l'Intérieur.

Le nombre d'enquêtes en cours reste "à un niveau élevé" voire est en augmentation, et "les affaires économiques et financières sont délaissées", a souligné Marc Cimamonti.

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"Le manque d'attractivité et même la désaffection pour la filière judiciaire et l'investigation demeurent une constante", a-t-il également estimé.

Une réforme critiquée par des policiers et des magistrats

La réforme, très décriée notamment dans les rangs de la police judiciaire, a placé tous les services de police du département - renseignement, sécurité publique, police aux frontières et PJ - sous l'autorité d'un seul directeur départemental de la police nationale, dépendant du préfet.

Malgré des rassemblements de policiers et de magistrats, la réforme s'est construite à marche forcée et est entrée pleinement en vigueur le 1er janvier 2024.

Une "réforme budgétaire, de manageurs" qui a "cassé des services spécialisés", a critiqué le premier président de la cour d'appel, Jean-François Beynel.

Elle a engendré un "repli départemental" qui nuit aux échanges "structurés" d'informations et à "une capacité d'action coordonnée" entre plusieurs départements ou régions face à la criminalité organisée, notamment le narcotrafic, selon Marc Cimamonti. À cause de ce manque d'informations, "on a du mal à cibler les équipes criminelles à un niveau supra-départemental", a ajouté le procureur général.

Article original publié sur BFMTV.com