Réforme de l’AME : Élisabeth Borne et Gérard Larcher se livrent à une passe d’armes à distance
POLITIQUE - Trois petites lettres au cœur du débat. En suggérant une réforme de l’AME (Aide médicale d’État), le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a jeté un pavé dans la mare. Cette mesure-phare de la droite et de l’extrême droite, qui considèrent que la France est trop généreuse avec les immigrés clandestins et agit de ce fait comme un aimant à prestations sociales, avait déjà été proposée par le Sénat lors de l’examen de la loi immigration l’hiver dernier. Un Sénat, rappelons-le, dominé par un groupe de droite, alors dirigé par... Bruno Retailleau.
« Je ne veux pas que la France soit le pays le plus attractif d’Europe pour un certain nombre de prestations sociales d’accès aux soins », a déclaré le locataire de Beauvau le 23 septembre au journal de 20h de TF1. Des propos tout sauf étonnants, puisqu’il les a déjà tenus. Mais qui ont suscité une levée de boucliers chez les médecins mais aussi à gauche et jusque dans le camp présidentiel.
Sans se prononcer sur le fond, la Présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet a alerté Bruno Retailleau du risque de « contourner » le Parlement s’il décidait de passer par décret pour réformer l’AME. C’est-à-dire en se passant de l’avis des députés. Mais pour Gérard Larcher, il n’y a pas de sujet. « Ce n’est pas Bruno Retailleau qui a engagé » cette réforme de l’AME, estime le président du Sénat sur France Inter ce mercredi 25 juillet, évoquand sa transformation en Aide médicale d’urgence (AMU).
"Arrêtons de caricaturer tout ça", lance @gerard_larcher à propos de la réforme de l'Aide médicale d'État, envisagée par le nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. "Il n'y a pas de contournement du Parlement", assure-t-il. #le710inter pic.twitter.com/NHUxdh1Ym2
— France Inter (@franceinter) September 25, 2024
La lettre envoyée par Borne à Larcher
Il développe : « Élisabeth Borne m’a écrit en janvier pour me dire qu’elle envisageait de réformer l’Aide médicale d’État en Aide médicale d’urgence. Elle me disait à l’époque qu’elle le ferait soit par voie législative, soit par voie réglementaire ». Manière de ne pas laisser Bruno Retailleau seul fautif et de renvoyer la responsabilité sur les épaules de l’ex-majorité macroniste. D’ailleurs, poursuit Gérard Larcher, « Gabriel Attal Premier ministre m’a confirmé qu’il envisageait la loi réglementaire. C’est un dossir déjà engagé par les deux précédents gouvernements ».
Ce que n’a pas apprécié l’ancienne Première ministre, qui lui a répondu directement sur X. « NON Gérard Larcher, je ne me suis jamais engagée à supprimer l’AME ou à la transformer en AMU », écrit l’actuelle députée du Calvados, candidate pour remplacer Stéphane Séjourné à la tête de Renaissance.
NON @gerard_larcher, je ne me suis jamais engagée à supprimer l’AME ou à la transformer en AMU.
Le courrier ci-joint dit le contraire !
C’est un dispositif utile et globalement maîtrisé. pic.twitter.com/CY7Nj5ugyq— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) September 25, 2024
Joint à son message, la lettre transmise le 18 décembre 2023 au Président du Sénat, dans laquelle on peut lire qu’elle a bien demandé « aux ministres concernés de préparer les évolutions réglementaires et législatives qui permettront d’engager une réforme de l’AME ». Sans qu’aucune voie d’adoption ne s’impose sur une autre.
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