"On y réfléchit": Dupond-Moretti et Darmanin envisagent une nouvelle loi anticasseurs

BERTRAND GUAY / AFP

Un précédent texte visant notamment à interdire à certains manifestants de participer à des rassemblements a été partiellement invalidé en avril 2019. Éric Dupond-Moretti annonce qu'il rencontrera Gérald Darmanin vendredi et que la question d'un nouveau projet de loi est sur la table.

Après les violences qui ont émaillé les marges des cortèges du 1er mai, plusieurs ministres se positionnent sur la possibilité d'une nouvelle loi anti-casseurs, après l'échec partiel d'un projet de loi sur le même sujet en avril 2019. Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a annoncé ce mercredi sur RTL qu'une réflexion sur le sujet était en cours au gouvernement, en collaboration avec le ministère de l'Intérieur.

"En tous les cas, on y réfléchit. Je rencontre vendredi le ministre de l'Intérieur, on va travailler ensemble", a annoncé le garde des Sceaux.

"Il faut une vraie fermeté parce qu'il y a les manifestants qui manifestent et c'est une liberté que la Constitution leur reconnaît, et puis il y a les casseurs. Ceux-là, il ne faut pas leur faire de cadeaux parce qu'ils viennent là pour détruire, pour démolir, pour casser du flic, pour tuer", a martelé Éric Dupond-Moretti ce mercredi sur RTL, après avoir envoyé une lettre aux procureurs de la République pour demander de la fermeté dans les affaires de violences en manifestations.

"La loi m'interdit de les interpeller auparavant"

Mardi, Gérald Darmanin s'est dit en faveur d'un tel texte, qui comprendrait notamment la possibilité d'interdire à certaines personnes de manifester.

"Moi je pense qu'il faut que nous reprenions une loi anticasseurs. (...) On interdit à des hooligans de venir dans des stades, on doit interdire à des casseurs de venir en manifestation", a-t-il estimé sur RMC-BFMTV.

"Il y a eu 14 journées de manifestation contre les retraites, à chaque fois c'est toujours la même chose, c'est toujours l'ultra-gauche qui est au rendez-vous, c'est toujours des personnes dont la loi (...) m'interdit de les interpeller auparavant", a encore déploré le ministre de l'Intérieur.

Invalidé par le Conseil constitutionnel en 2019

Une disposition visant à interdire à des personnes représentant "une menace d’une particulière gravité" de manifester pendant un mois avait été adoptée par le Parlement en mars 2019 dans le cadre d'un précédent projet de loi "anti-casseurs".

Elle avait finalement été invalidée en avril après examen du Conseil constitutionnel car elle constituait notamment une atteinte au "droit d’expression collective des idées et des opinions" garantie par l'article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, qui porte sur la liberté d’expression.

Invité sur RMC-BFMTV ce jeudi, le député Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy a jugé qu'une nouvelle loi anti-casseurs "pourrait être une bonne idée". En 2019, les députés RN, qui siégeaient à l'époque en tant que "non-inscrits" car trop peu nombreux pour former à un groupe à l'Assemblée nationale, avaient voté contre le projet de loi.

À l'époque, le texte avait fait l'objet de nombreuses critiques de la part des partis politiques de gauche ainsi que des associations de défense des droits comme la Ligue des droits de l'Homme et Amnesty International.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - "Il était là pour se payer Marine Le Pen": Jean-Philippe Tanguy réagit à l'interview de Gérald Darmanin sur BFMTV-RMC