"Référendums" d'annexion en Ukraine: que va-t-il se passer après l'annonce des résultats?

"Référendums" d'annexion en Ukraine: que va-t-il se passer après l'annonce des résultats?

Le futur des Ukrainiens est plus que jamais incertain dans les quatre régions du sud-est. La Russie a annoncé un score proche de 100% aux "référendums" d'annexion. Un score qui était couru d'avance selon de nombreux spécialistes, car le processus démocratique était quasiment inexistant. Désormais, la question de l'avenir se pose les habitants des régions de Donetsk, Kherson, Zaporijjia, et Lougansk.

· Plus de moyens militaires pour la Russie

Les quatre régions vont donc devenir russes pour le Kremlin. Les attaques de l'armée ukrainiennes vont ainsi être considérées comme une agression de son territoire. Pour Michel Goya, consultant défense chez BFMTV, la guerre "n'est plus une opération spéciale, extérieure, c'est au contraire la défense de la patrie".

Vladimir Poutine dispose alors de plus de moyens militaires pour regagner du terrain. "À partir de là, il est possible de mobiliser toutes les ressources de la nation. Plus simplement une armée professionnelle mais aussi les conscrits et les réservistes qui sont mobilisés", explique le consultant. La semaine dernière, le président russe a lancé un appel à la mobilisation partielle de 300.000 réservistes.

Selon l'ancien colonel de l'armée française, le chef du Kremlin pourra aussi jusqu'à "mobiliser les nouveaux citoyens russes de ces nouveaux territoires". Pour Emmanuel Dupuy, président de l'Institut prospective et sécurité en Europe, "la stratégie que vise le président Poutine est d'amener un maximum de soldats pour tenir la ligne de front et il n'a pas besoin qu'ils soient très formés.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky évoquait mardi aussi une "tentative cynique de forcer les hommes ukrainiens des territoires occupés à être mobilisés dans l'armée russe à se battre contre leur patrie".

· Une russification des institutions

Les changements devaient être perçus par les citoyens ukrainiens des territoires dans leur quotidien, rapidement. Claude Blanchemaison, ancien ambassadeur de France en Russie affirme qu'il "y aura une tentative de russification des institutions, de la monnaie, des références".

"Ça va commencer tout de suite", prédit l'ancien ambassadeur. Nombre de spécialistes font d'ailleurs le parallèle avec l'annexion de la Crimée en 2014, où la Russie avait imposé sa langue, sa monnaie, et ses dirigeants.

Le Parlement russe devrait voter dans les prochains jours l'intégration de ces régions à la Russie. Dans la foulée, Vladimir Poutine pourrait prononcer un discours vendredi, pour intégrer officiellement ces territoires à la Fédération de Russie.

· Vladimir Poutine plus isolé

Mais ces annexions ne sont pas forcément synonymes de victoire pour le président russe. Guillaume Ancel, ancien lieutenant-colonel de l'armée française affirme sur BFMTV que "les soutiens internationaux de la Russie se retournent contre lui [Vladimir Poutine] personne ne veut de ce genre de manipulation internationale, personne ne veut être dans le camp des perdants".

Pour Ulysse Gosset, éditorialiste politique international chez BFMTV, le principal allié de Moscou sur la scène internationale commence à mettre la pression. "La Chine demande à Poutine de faire un effort, il est obligé de les écouter, la Chine a changé de discours, elle a haussé le ton".

Les Occidentaux ont aussi renforcé leur critique envers le régime russe. L'Union européenne évoque des scrutins illégaux" et les Nations unies ont réaffirmé être "engagées envers la souveraineté, l'unité, l'indépendance et l'intégrité territoriale de l'Ukraine". Par ailleurs, la diplomatie ukrainienne a réclamé ce mercredi une hausse "significative" de l'aide militaire occidentale.

Article original publié sur BFMTV.com