“Référendum épouvantable” : la presse polonaise appelle à déjouer les pièges du parti au pouvoir
La une de l’hebdomadaire libéral Polityka de cette semaine est on ne peut plus explicite : faisant figurer un bulletin roulé en boule, avec en filigrane le symbole du parti Droit et Justice (PiS) – au pouvoir en Pologne depuis 2015 –, le média titre sur “un référendum épouvantable”, en ajoutant : “Le PiS tend des pièges. Comment les éviter ?”
La chambre basse polonaise a en effet approuvé le 17 août la tenue d’un référendum controversé le même jour que les élections législatives et sénatoriales, prévues le 15 octobre, alors que l’écart s’annonce serré avec l’opposition.
Appel au boycott
Cette consultation demandera aux Polonais de répondre par oui ou non à quatre questions : approuvent-ils de “brader les actifs de l’État en les cédant à des entités étrangères” ? Soutiennent-ils “un éventuel relèvement de l’âge de la retraite” ainsi que la “suppression de la barrière à la frontière avec le Biélorussie” ? Et enfin, sont-ils favorables à “l’admission de milliers d’immigrants illégaux du Moyen-Orient et d’Afrique, conformément au mécanisme de relocalisation forcée imposé par la bureaucratie européenne” ? Autant de formulations orientées que l’opposition, comme les médias libéraux, appellent à boycotter afin d’invalider le scrutin.
Ces “questions […] ridiculisent l’idée du référendum, synonyme d’institution de démocratie directe”, juge Polityka, qui explique dans un long article comment déjouer “les pièges tendus par le PiS” avec ce vote. “Le référendum est valable si plus de la moitié des électeurs éligibles y participent”, rappelle le média, qui invite les lecteurs à ne pas prendre de bulletin pour le référendum, mais à se saisir des deux autres bulletins, pour les législatives et les sénatoriales : il s’agira alors pour “le membre de la commission de rédiger l’annotation […] ‘pas de référendum’”.
L’article estime également que cette consultation “donne au gouvernement actuel un avantage financier et propagandiste”, puisque les fonds alloués au référendum pourront servir au pouvoir en place pour “se promouvoir” et diaboliser son opposant no 1, l’ancien Premier ministre Donald Tusk, auquel il est fait implicitement référence dans les questions.
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