Réduire la taille de la pinte de bière pourrait bien sauver des vies, mais ça ne plaît (évidemment) pas aux Anglais

Selon une étude britannique, avoir réduit d’un tiers la taille de la pinte a permis de faire baisser la vente quotidienne de bière d’environ 10 %.
DusanBartolovic via Getty Images Selon une étude britannique, avoir réduit d’un tiers la taille de la pinte a permis de faire baisser la vente quotidienne de bière d’environ 10 %.

SANTÉ - C’est une nouvelle de nature à faire trembler la couronne britannique. Publiée le 17 septembre 2024, une étude menée par des chercheurs de l’université de Cambridge conclut qu’abandonner la pinte de bière pour une unité de mesure plus réduite permettrait de faire baisser le volume total consommé par personne, donc d’avoir un impact positif sur la santé.

Pendant la grossesse, 13 % des femmes continuent à fumer, un chiffre supérieur à la consommation d’alcool

À la base de cette enquête, il y a l’idée que, lorsqu’ils consomment, les gens réfléchiraient davantage en termes de portions (une pinte de bière, une tasse de café, une part de gâteau… ) qu’en termes de quantités précises (centilitres, grammes…). Douze pubs en ont ainsi fait l’expérience dans le cadre de cette étude qui a duré trois mois.

Lors du premier mois, les établissements avaient pour consigne de servir les quantités habituelles de bière pression, soit des pintes (568 ml en Angleterre contre 500 ml en France). Au cours du mois suivant, leur taille était réduite à deux tiers, le plus grand verre de bière disponible au bar. Enfin lors du dernier mois, les pintes sont revenues à leur taille originelle.

Les conclusions de l’expérience sont claires : au cours de la période où la taille de la pinte a été réduite, le volume total de bière vendu par jour a baissé de 9,7 %. Un chiffre suffisant pour que soit prise en compte cette méthode par les politiques de santé publique, selon les chercheurs. « Est-ce que ça a le potentiel de contribuer à améliorer la santé de la population ? Je dirais clairement oui. » confie Theresa Marteau, auteur principal de l’étude, au Guardian.

Des réactions de colère en Grande-Bretagne

Quelques jours après la sortie de l’étude, une tribune de la journaliste Elle Hunt, publiée le 22 septembre 2024 sur le site du Guardian, appelait les Britanniques à abandonner définitivement la pinte au profit de sa version réduite aux deux tiers. En plus de l’argument de santé publique, elle avance l’idée que la taille de la pinte en Angleterre provoquerait un sentiment de ballonnement après qu’on l’a fini.

Mais cette proposition n’a (évidemment) pas beaucoup plu aux Anglais. Sur X, beaucoup ont réagi à l’appel d’Elle Hunt. « Je n’ai jamais été aussi proche de manifester devant les bureaux d’un média. » a ainsi déclaré l’humoriste Geoff Norcott.

« J’entends ça à chaque fois que je vais dans un pub : La pinte est trop grosse, si seulement elle était plus petite » ironise quant à lui un internaute. Dans un article daté du 18 septembre 2024, le célèbre tabloïd le Daily Mail accuse de son côté les chercheurs de l’étude d’être... « wokes ».

Pour l’instant, le gouvernement britannique ne prévoit aucunement de réduire la taille de la pinte. D’autant que l’étude reconnaît elle-même que ses résultats restent limités en termes d’interprétation : l’enquête n’a pas mesuré les ventes des autres alcools disponibles. Un bon moyen pourtant de savoir si les clients ont pu compenser la baisse de leur consommation de bière par une autre boisson alcoolisée.

À voir également sur le HuffPost :

« Je suis étudiante et je ne comprends pas pourquoi tout le monde boit autant à la fac » - Témoignage

L’OMS juge « alarmante » la consommation d’alcool et de cigarette électronique chez les ados européens après la pandémie