Le récit de Mohammed Faris, syrien, réfugié et cosmonaute

Sept heures pour débarquer de l'avion. Sept heures à contenir une foule en liesse sur le tarmac de l'aéroport d'Alep, avant de pouvoir rejoindre l'hôtel touristique, sur la grande place Saadallah-al-Jabri, au centre de la ville, où s'est massée une assemblée encore plus dense. Ce ­12 août 1987, Mohammed Faris n'est pas près de l'oublier. Son retour de l'espace sera célébré pendant quatre jours au total dans le pays. Mais en Syrie, on ne saurait vénérer un autre héros que le grand leader. Irrité par cette ferveur, le président de l'époque, Hafez El-Assad, père de l'actuel dictateur Bachar El-Assad, met brutalement un terme aux agapes.

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"Il a fini par me décorer de la médaille du héros de la République arabe syrienne en me la donnant de la main à la main, se souvient Faris, aujourd'hui sexagénaire. Or le protocole veut que le chef de l'Etat la remette autour du cou de la personne récompensée. Le message envoyé au peuple était clair : 'Maintenant, ça suffit. Oubliez tout ça.'"

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Cette humiliation, marque de fabrique du ­régime syrien, ne l'a pas étonné. C'est même l'histoire de sa vie : celle d'un héros blacklisté, bien que son nom orne de nombreux aéroports, rues et écoles en Syrie. Une figure que l'on a voulu à plusieurs reprises rayer de l'histoire nationale. Chemise rose et moustache soignée, Mohammed Faris se confie depuis un café de Fatih, un quartier d'Is...


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