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Récidiviste de Nantes: Dupond-Moretti dénonce une "surenchère populiste"

Eric Dupond-Moretti lors de sa première séance de questions à l'Assemblée nationale, le 8 juillet 2020 - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP
Eric Dupond-Moretti lors de sa première séance de questions à l'Assemblée nationale, le 8 juillet 2020 - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

"Aucun système ne permet d’obtenir la rémission des crimes." Dans une interview accordée à Europe 1, le garde des Sceaux est revenu ce mardi matin sur la mise en examen d’un multirécidiviste pour le viol et le meurtre d’une adolescente à Nantes, le 20 août dernier.

Après avoir purgé une peine de 18 ans de réclusion criminelle pour neuf viols, trois tentatives et une agression sexuelle commis entre 2001 et 2003, l’homme âgé de 45 ans a bénéficié d’une remise de peine en 2016, assortie d’un suivi socio-judiciaire.

Un "grand nombre de récidives évité"

Mais depuis les aveux du suspect, la chancellerie fait l’objet de vives critiques sur le plan sécuritaire. Le vice-président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a ainsi dénoncé lundi "une justice vérolée par l'extrême gauche et par sa culture de l'excuse".

L'ancienne garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy, Rachida Dati (LR), a pour sa part demandé le rétablissement de la rétention de sûreté, procédure qui permet le placement de détenus qui ont exécuté leur peine mais présentent toujours un risque élevé de récidive dans des centres de soin. "Il faut que ce type de criminels ne soit pas remis en liberté", estime-t-elle, avançant que, "pour ces types de profil, le risque de récidive est systématique".

"Après un drame comme celui-là, on doit se taire. On n'est pas obligé de faire dans la surenchère populiste", a réagi l'actuel ministre de la Justice qui défend le fonctionnement en vigueur malgré la diatribe.

"Quand cet homme est remis en liberté, c’est parce que la loi permet qu’il en soit ainsi. Il a ensuite été suivi médicalement. Là, on s’arrête sur les choses qui ne vont pas. Mais ces suivis permettent d’éviter un grand nombre de récidives", a-t-il plaidé ce mardi matin.

"90% des peines prononcées sont exécutées"

Face à la polémique, le ministère a néanmoins saisi l'Inspection générale de la justice afin d’évaluer le suivi socio-judiciaire du multirécidiviste. Elle aura pour charge "d'examiner si cette prise en charge a été correctement effectuée tant au regard des obligations générales que des obligations particulières", selon un communiqué du ministère. Et Eric-Dupond-Moretti d’ajouter: "Si des sanctions sont à prendre, elles le seront."

"Parfois, les réactions de la justice sont tardives, a-t-il reconnu. Et on y travaille. Quand des travaux d’intérêt général mettent 14 mois à être mis en place, c’est insupportable. Je veux des peines qui soient justes et immédiates. Mais on ne peut pas dire que la justice ne fonctionne pas", a soutenu le garde des Sceaux, soulignant que "90% des peines prononcées sont exécutées".

Article original publié sur BFMTV.com