Le réchauffement des océans a connu un nouveau record en mai, et le pire reste à venir

En mai 2023, la surface des océans vient de connaître son mois de mai le plus chaud jamais enregistré.
En mai 2023, la surface des océans vient de connaître son mois de mai le plus chaud jamais enregistré.

CLIMAT - Des océans plus chauds, c’est tout simplement un cauchemar pour la planète. La surface des océans vient de connaître son mois de mai le plus chaud jamais enregistré, a indiqué ce mercredi 7 juin le service européen Copernicus, après un mois d’avril 2023 qui était déjà record.

La température moyenne à la surface des océans -qui est mesurée en excluant les zones prises par les glaces- en mai « était d’environ 19,7 °C, soit 0,26 °C au-dessus de la moyenne 1991-2020 », indique Copernicus dans son rapport. Cela semble peu, mais les températures relevées à la surface des océans en 2023 sont probablement les plus élevées depuis plus de 100 000 ans, selon les données de l’Agence américaine d’observation océanique (NOAA).

C’est d’autant plus alarmant car l’océan est le poumon de la terre, et son réchauffement fait entrer la Terre dans un cercle vicieux. Il est en effet notre meilleur ami face à la montée des températures, puisqu’il a absorbé plus de 90 % de la chaleur excédentaire causée par les activités humaines depuis 1970. Or, plus il se réchauffe, plus il perd de sa capacité à absorber le CO2. Et donc plus le climat s’emballe.

L’Équateur, bientôt une zone morte ?

Ce qui est encore plus spectaculaire, notaient déjà des scientifiques dans une étude publiée en avril dans Nature, c’est que ce pic de température survient avant l’épisode climatique El Niño, prévu fin 2023. Un phénomène qui devrait encore faire grimper le thermomètre mondial. En d’autres thermes, la hausse des températures océaniques risque de s’intensifier dans les prochains mois, entraînant des conditions météorologiques extrêmes, des vagues de chaleur marines, avec des conséquences dramatiques pour la vie marine.

L’arrivée d’El Nino, conjuguée à ce réchauffement spectaculaire, va ainsi être le déclencheur de canicules marines dévastatrices pour les écosystèmes. Andrew Leising, océanographe qui a participé à l’étude de Nature, considère que « cela pourrait créer une situation semblable à celle de 2014-2015, lorsque nous avons été frappés par la canicule du Blob ». Le Blob est une canicule marine qui a duré trois ans, sur la côte ouest de l’Amérique du Nord. L’eau excessivement chaude pendant cette période a stoppé la croissance du phytoplancton, l’espèce à la base de notre chaîne alimentaire.

Du plancton aux baleines, la faune marine vit souvent dans la partie supérieure des océans, où les températures augmentent le plus, et est ainsi très affectée par ces anomalies de chaleur, rappelle National Geographic. Le réchauffement des océans oblige par exemple les baleines à bosse à s’éloigner des zones tropicales dans lesquelles elles se reproduisent traditionnellement, ce qui, à terme, peut mettre en danger la survie de l’espèce.

Ainsi, les températures alarmantes accélèrent la migration des espèces vers les pôles, où la température de l’eau est plus basse. « C’est un problème à l’équateur, qui pourrait (mais nous n’en sommes pas certains) devenir une zone morte, car il n’y aura pas d’organisme sur la planète capable de s’adapter aux températures élevées », alertait aussi l’océanographe.

Fin de la grande barrière de corail

Parmi les êtres vivants les plus menacés, on trouve aussi les coraux qui se couvrent d’un linceul blanc. Ces organismes, stressés par la chaleur, expulsent les microalgues avec lesquelles ils vivent en symbiose, et blanchissent. À cause de ce blanchissement, qui les rend vulnérables, « il est presque certain que la grande barrière de corail aura complètement disparu d’ici 10 à 20 ans », expliquait Robert Schlegel, chercheur à l’Institut de la Mer de Villefranche (IMEV), en juin 2022, au HuffPost.

De plus, les températures élevées des océans peuvent déclencher des phénomènes météorologiques extrêmes, comme des tempêtes, ouragans, déluges… Les eaux exceptionnellement chaudes au large du Pérou cette année ont contribué à alimenter des précipitations intenses et le cyclone tropical Yaku, donnent pour exemple les chercheurs à l’origine des travaux de Nature.

Les températures élevées des océans causent encore beaucoup d’autres « effets en cascade », souligne l’ONU, comme la fonte des glaces, l’élévation du niveau de la mer, et l’acidification des océans. Un signe de plus que les records du printemps n’augurent rien de bon.

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