Réactions à l'annulation par Trump de son sommet avec le dirigeant nord-coréen

Donald Trump a annulé le sommet qui était prévu le 12 juin prochain à Singapour avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. /Photo prise le 22 mai 2018/REUTERS/Carlos Barria

SEOUL (Reuters) - Réactions enregistrées après l'annulation par Donald Trump du sommet qui était prévu le 12 juin prochain à Singapour avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

COREE DU NORD

Cité vendredi par l'agence officielle de presse nord-coréenne KCNA, le vice-ministre nord-coréen des Affaires étrangères, Kim Kye-gwan, note que la République populaire démocratique de Corée reste ouverte à l'idée de régler ses différends avec les Etats-Unis "à tout moment et de quelque façon que ce soit".

"Nous tenions en haute estime les initiatives du président Trump, sans précédent chez aucun autre président, pour parvenir à un sommet historique entre la Corée du Nord et les USA", déclare-t-il. "Nous disons une fois de plus aux Etats-Unis que nous sommes ouverts à un règlement de nos problèmes à tout moment et de quelque façon que ce soit."

"Nous avions espéré qu'une 'solution à la Trump' serait une manière sage d'alléger les inquiétudes de part et d'autre, de respecter nos exigences et de résoudre les problèmes de manière réaliste", poursuit Kim Kye-gwan.

"Annoncer que le sommet est annulé a été une surprise pour nous et nous n'avons pu nous empêcher de penser que c'était une véritable honte", a ajouté le vice-ministre.

CORÉE DU SUD

Le président sud-coréen Moon Jae-in, qui s'était largement impliqué à la faveur des Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang dans cette phase de détente, a jugé "très regrettable" la décision de Trump.

"Je suis très perplexe et il est très regrettable que le sommet entre la Corée du Nord et les Etats-Unis ne se tienne pas le 12 juin ainsi qu'il avait été prévu", a-t-il dit, d'après des propos rapportés, lors d'une réunion avec ses conseillers à la sécurité.

Mais Moon a exhorté Trump et Kim à dialoguer directement. "La dénucléarisation de la péninsule coréenne et l'instauration d'une paix permanente sont des entreprises historiques qui ne peuvent être ni abandonnées, ni retardées", a déclaré le chef de l'Etat sud-coréen, cité par l'agence de presse Yonhap.

JAPON

Le chef de la diplomatie japonaise, Taro Kono, a dit comprendre la décision de Trump. "Ça n'a aucun sens d'avoir des discussions qui ne produisent pas de résultats", a-t-il dit en marge d'un déplacement à Mexico, rapporte l'agence de presse Kyodo.

Son homologue chargé de la Défense, Itsunori Onodera, a minimisé la portée de cette annulation. "L'important, ce n'est pas la rencontre USA-Corée du Nord en soi, même le fait que cette rencontre devienne une occasion de progresser sur les questions de dénucléarisation et des enlèvements (ndlr, de ressortissants japonais par des agents nord-coréens)", a-t-il dit.

VLADIMIR POUTINE ET EMMANUEL MACRON

La Russie a "beaucoup de regrets", a déclaré Vladimir Poutine lors d'une conférence de presse commune avec Emmanuel Macron jeudi à Saint-Pétersbourg.

Le président russe a également émis le souhait que "le dialogue puisse redémarrer" face à un "problème régional et même planétaire, à savoir la dénucléarisation de la péninsule coréenne".

Emmanuel Macron a demandé pour sa part que les efforts engagés en vue de la dénucléarisation de la Corée du Nord se poursuivent et jugé que l'Onu avait un rôle à jouer. La président français a dit souhaiter que l'annulation de la rencontre de Singapour "ne soit qu'une péripétie dans un processus qui doit se poursuivre."

NATIONS UNIES

Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, en visite à Genève, a dit sa "préoccupation profonde" après l'annulation de la rencontre de Singapour. Il a exhorté les parties à poursuivre leur dialogue pour "trouver une voie vers la dénucléarisation pacifique et vérifiable de la péninsule coréenne".

GRANDE-BRETAGNE

"Nous sommes déçus que cette réunion ne se déroule plus comme prévu", a commenté la porte-parole de la Première ministre britannique, Theresa May.

"Il nous faut voir un accord qui puisse déboucher sur la dénucléarisation totalement vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne et nous continuerons d'oeuvrer à cette fin avec nos partenaires."

AUX ETATS-UNIS

"L'art de la diplomatie est parfois plus difficile que l'art du 'deal'," a déclaré le sénateur démocrate Bob Menendez, vice-président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères, par allusion au titre d'un livre (The Art of the Deal) publié en 1987 par Trump.

Les démocrates ont critiqué en particulier les propos du conseiller à la sécurité nationale John Bolton, qui a suggéré une dénucléarisation "à la libyenne" de la Corée du Nord, provoquant la colère de Pyongyang.

"Je ne suis pas sûr que le fait de citer constamment le modèle libyen soit une manière diplomatique de chercher à obtenir les résultats que nous cherchons en Corée du Nord, parce que cela n'a pas du tout bien marché pour Kadhafi", a ironisé Menendez.

A la Chambre des représentants, la cheffe du groupe démocrate, Nancy Pelosi, a jugé pour sa part que cette annulation était une victoire pour Kim et a accusé Trump d'avoir légitimé un "voyou" dirigeant un "Etat policier".

"(Kim) a obtenu reconnaissance et respect mondiaux", a-t-elle dit. "Il est le grand gagnant. Et lorsqu'il a reçu la lettre de notre président disant 'OK, c'est pas grave", il a dû bien rire."

Ancien conseiller de George W. Bush pour les affaires asiatiques, Victor Cha attend à présent ce que le régime de Pyongyang va faire du moratoire sur les essais nucléaires et balistiques que Kim Jong-un a ordonné il y a un mois en signe de bonne volonté.

"Ce sera une bonne indication de l'état des choses", a-t-il dit.

(Bureaux de Reuters; Édité par Henri-Pierre André)