Avec la réélection de Donald Trump, l’éco-anxiété de ces Français n’a jamais été aussi forte
CLIMAT - Mercredi 6 novembre, nombreux sont ceux qui, de ce côté de l’Atlantique, ont eu des sueurs froides dès le réveil, en apprenant l’issue de l’élection présidentielle américaine. Donald Trump signe un retour triomphal à la Maison Blanche, galvanisé par le vote de plus de 72 millions d’Américains en faveur de son programme économique protectionniste, de sa politique anti-immigration… Et de son discours climatosceptique.
Au cours des meetings qu’il a donnés aux quatre coins du pays ces dernières semaines, le milliardaire de 78 ans n’a jamais caché que la lutte mondiale contre le réchauffement climatique n’était pas sa priorité. Pire : alors que la COP29 doit s’ouvrir le 11 novembre en Azerbaïdjan, Donald Trump a multiplié les annonces qui signent un coup d’arrêt à la participation des États-Unis aux politiques climatiques mondiales. « Nous allons forer, chéri, forer ! », a-t-il ainsi lancé lors de son discours de victoire le 6 novembre, promettant d’extraire toujours plus de pétrole, de charbon et de gaz de schiste.
Le 47e président américain s’est aussi engagé lors de sa campagne à mettre à terme aux réglementations sur les émissions polluantes des voitures, et à en finir avec les normes qui limitent les émissions des centrales à charbon. Et bien sûr, à faire sortir de nouveau les États-Unis de l’Accord de Paris, que l’administration Biden avait réintégré en 2021.
« Ça me rend très pessimiste pour l’avenir »
Pour qui se préoccupe un tant soit peu de léguer aux futures générations une planète vivable, le retour de Donald Trump à la tête de la première puissance mondiale est donc loin d’être une bonne nouvelle. C’est même « une catastrophe pour l’environnement », résume Nicolas*, qui se définit volontiers comme éco-anxieux. « J’avais beau m’y attendre, je suis désemparé par ce résultat. Je ressens un mélange de colère, d’angoisse et de tristesse », résume le quadragénaire.
Si la victoire de Donald Trump l’inquiète tant, c’est aussi pour « l’avenir de ses enfants » car « c’est là, maintenant, que tout se joue », estime-t-il. Un sentiment d’angoisse que partage Camille*. « Quand j’ai vu dans la nuit de mardi à mercredi que Trump allait sûrement passer, j’en ai fait une insomnie », souffle la jeune femme, qui attend son premier enfant. « Ça me rend très pessimiste pour l’avenir, je me demande dans quel monde je vais donner naissance. J’ai l’impression qu’on vient de signer l’arrêt de mort de notre planète. »
Même sentiment du côté de Catherine, 63 ans, et qui redoute les effets à long terme de ce basculement sur la vie future de ses quatre petits-enfants. « J’aimerais qu’ils ne subissent pas tout au long de leur vie les conséquences de politiques désastreuses (et pour moi souvent égoïstes) en matière d’environnement. »
« Un allié de moins avec qui espérer trouver des solutions »
Le retour de Donald Trump à la présidence américaine est d’autant plus inquiétant que sa victoire coïncide avec la publication, ce jeudi 7 novembre, du rapport de l’observatoire européen du climat Copernicus. Selon ses prévisions, 2024 s’annonce être l’année la plus chaude jamais enregistrée avec, pour la première fois, le franchissement de la limite de 1,5 °C de réchauffement sur une année civile. Cette succession de mauvaises nouvelles pour le climat fait craindre le pire à Charley.
« La victoire de Trump fait reculer d’un cran encore les préoccupations environnementales dans un contexte d’urgence climatique absolue », regrette le jeune homme de 27 ans, qui ne se fait aucune illusion sur les futures politiques anticlimat que va mettre Trump à l’œuvre. « De sa politique de “drill, baby, drill” qui compte relancer le forage de pétrole, à ses attaques répétées contre les institutions environnementales américaines comme l’Agence de Protection de l’Environnement, ce sont des jours sombres pour l’écologie qui attendent les États-Unis et le monde », anticipe Charley.
Sans compter la sortie imminente des États-Unis de l’Accord de Paris, conclu en 2015, et qui visait le maintien du réchauffement de la planète en dessous de +1,5 °C. « Cet objectif était déjà peine perdue, mais là, sans effort du 2e pays plus gros émetteur de CO2 du monde, c’est carrément de ne pas dépasser les + 2° qui devient compliqué », estime Nicolas. « On est à un moment crucial des négociations climatiques. Avec Trump, ça fait un allié de moins avec qui espérer trouver des solutions », abonde Sarah*, 28 ans, qui se dit « très inquiète de l’influence d’un pays comme les US sur le reste du monde ».
Choisir l’action plutôt que la résignation
Si tous ces éco-anxieux ont bien conscience de l’urgence que nécessite la lutte contre le dérèglement climatique, ils ne plaçaient pas nécessairement leurs espoirs dans la victoire de Kamala Harris à l’élection présidentielle américaine. Pour Sarah, son programme n’était tout simplement pas « à la hauteur des enjeux environnementaux, même si évidemment mieux que celui de Donald Trump ».
Une analyse que partage Nicolas, qui rappelle que la candidate démocrate avait pour elle de ne pas être climatosceptique et de se poser en défenseuse des droits des femmes et des personnes LGBT+. « Je pense que ces deux causes – climat et féminisme – vont de pair. » « Même si les politiques actuelles sont inefficaces, elles nous laissent entrevoir l’espoir d’un futur où nous réussirons à réduire nos émissions avant un point de non-retour. Avec Donald Trump au pouvoir, cette porte se ferme », considère Charley.
Comment, alors, dans ce contexte, réussir à calmer son éco-anxiété ? Charley reconnaît qu’il « est tentant de laisser place à la résignation ». Mais le vingtenaire préfère transformer sa peur de l’avenir « en motivation pour nourrir les initiatives citoyennes ». Pour pouvoir, il l’espère, « reprendre en main un futur qu’une autre génération, portée par un riche homme blanc privilégié de 78 ans, essaie de nous imposer ».
* Les prénoms ont été modifiés.
À voir également sur Le HuffPost :
Avant l’investiture de Donald Trump, le calendrier des principale dates aux États-Unis