Règlements de comptes et fusillades en plein jour: Nantes déstabilisée par le trafic de drogue

Vue d'un quartier de Nantes.  - BFMTV
Vue d'un quartier de Nantes. - BFMTV

876450610001_6279133535001

11 blessés par balles depuis le début de l'année, des échanges de tirs - dont certains en plein jour - des courses-poursuites, des kalachnikovs en circulation, le tout sur fond de guerre de territoires entre dealeurs de drogue. C'est le terrible bilan du trafic de stupéfiants à Nantes, que les victimes et observateurs ont raconté à BFMTV.

44 fusillades depuis janvier

Il y a trois semaines, la presse, notamment Le Monde, évoquait déjà la statistique de 44 fusillades liées au trafic de drogue à Nantes entre janvier 2021 et le 5 octobre. Une guerilla urbaine qui touche tous les secteurs, en particulier la partie nord de la ville, et a déjà fait onze blessés. L'un d'eux a pris la parole à notre micro, le visage et l'identité masqués: "Au début, je pensais que c'était des feux d'artifice".

Il faut dire que de prime abord, le cadre - un mercredi après-midi de la fin du mois de septembre, dans le quartier du Breil - n'invite pas à penser à un échange de tirs. Pourtant, le jeune homme prend bientôt conscience du danger au milieu duquel il se trouve et dont le souvenir le poursuit encore.

"Quand j'ai vu que c'était des balles, j'ai eu peur. Même maintenant pour sortir, je n'aime pas trop", témoigne-t-il.

Guerre de territoires

Les tireurs responsables de ces faits n'ont d'ailleurs jamais été identifiés. Mais pour les policiers locaux, il n'y a pas grand mystère: il s'agissait là d'un nouvelle épisode d'une lutte pour une suprématie territoriale entre trafiquants. Un membre de la BAC de nuit nantaise a accepté de parler à BFMTV durant l'une de ses patrouilles:

"On sait très bien qu'il y a de la kalachnikov qui traîne puisque les munitions correspondent. Ils cherchent à augmenter leur territoire donc des menaces pour l'accroître et des règlements de comptes."

Renforts policiers

Louisa vit dans le nord nantais depuis 29 ans. Sur place, elle dirige une association qui vise à l'insertion des jeunes. Elle ne nie pas la dureté de la situation. "Ça se poursuit en voiture en plein jour et ça tire!" s'exclame-t-elle.

Mais elle le martèle, il faut répondre à la gravité du moment en la traitant avec humanité: "Il faut de la présence humaine dans les quartiers, je dirais que ça vaut 10.000 fois plus que l'argent."

De son côté, l'Etat a décidé d'envoyer du personnel sur les lieux: 43 policiers nationaux ont ainsi été déployés en renfort à Nantes le mois dernier. Et ils sont encore 30 attendus pour 2022.

Article original publié sur BFMTV.com