Rétractations de Ziad Takieddine: Nicolas Sarkozy entendu par un juge d'instruction

Jugé en 2025 pour des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy intéresse la justice dans un autre volet de cette affaire, celui de la subordination de témoin. L'ancien président de la République est depuis ce mardi matin dans le bureau du juge d'instruction en charge de ce dossier, a appris BFMTV de sources concordantes.

Nicolas Sarkozy est arrivé aux alentours de 10 heures ce mardi au tribunal judiciaire de Paris. Après avoir été interrogé par le magistrat, Nicolas Sarkozy pourrait ressortir libre, sans suites judiciaires, mais il pourrait aussi être mis en examen ou placé sous le statut de témoin assisté.

L'audition de l'ancien président de la République a été suspendue et reprendra mercredi, a appris BFMTV mardi soir de source proche du dossier.

Des rétractations soudaines

L'ancien chef de l'État a été entendu dans ce dossier en audition libre en juin dernier. Il est soupçonné d'avoir donné son aval à d'autres personnes pour faire pression sur Ziad Takkiedine, un homme d'affaires franço-libannais.

Ce dernier, qui a dès le début de cette affaire assuré avoir remis de l'argent du régime Kadhafi pour financer la campagne de Nicolas Sarkozy, s'était subitement rétracté fin 2020 en le blanchissant dans plusieurs médias, dont BFMTV.

En novembre puis en décembre de la même année, dans Paris-Match et BFMTV, Ziad Takkiedine déclairait: "Monsieur Sarkozy n’a pas eu un financement libyen pour la campagne présidentielle. Je le dis haut et fort. Le juge a bien voulu tourner ça à sa manière et me faire dire des propos qui sont totalement contraires aux propos que je dis ou que j’ai toujours dits."

Ces propos vont à l'encontre des déclarations constantes qu'il tient depuis 2016, clamant avoir remis, en 2006 et 2007, trois valises d'argent libyen - pour un total decinq millions d'euros - à Nicolas Sarkozy et Claude Guéant. Ce qu'ils ont toujours nié. Ces déclarations ont valu à Ziad Takkiedine d'être mis en examen dans ce dossier, tout comme Nicolas Sarkozy.

Une opértion à 600.000 euros?

Comment expliquer alors ce volte-face, d'autant que Ziad Takkiedine réitère, quelques mois plus tard en janvier 2021 dans le bureau du juge d'instruction, ses accusations à l'encontre de Nicolas Sarkozy? La justice soupçonne que ce dernier a donné son aval pour qu'au moins huit personnes faissent pression sur le Franco-libannais, moyennant finance.

Les enquêteurs ont chiffré à au moins 608.000 euros le montant de l’opération pour obtenir que l’intermédiaire Ziad Takieddine retire ses accusations contre Nicolas Sarkozy. Dans le volet du financement libyen, le parquet national financier a requis un procès contre 13 personnes, dont l'ancien chef de l'État.

Article original publié sur BFMTV.com