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Pour répondre à Zemmour sur Pétain, ils évoquent leurs ancêtres juifs

HISTOIRE - Rappeler l’histoire familiale pour répondre à l’outrance. Ce lundi 27 septembre, de nombreux internautes, parmi lesquels des petits-fils et petites-filles de juifs déportés durant l’Occupation de la France par l’Allemagne nazie, ont tenu à répondre sur les réseaux sociaux à Éric Zemmour, initiateur d’une nouvelle polémique mémorielle.

La veille, à l’occasion du “Grand rendez-vous” sur Europe 1/CNews/Les Échos, le polémiste a une fois de plus défendu l’action de Philippe Pétain durant la Seconde guerre mondiale.

“Je dis que Vichy a protégé les juifs français et donné les juifs étrangers”, a soutenu Éric Zemmour, reprenant ainsi la thèse controversée du glaive et du bouclier, selon laquelle le maréchal (le “bouclier”) aurait limité le projet exterminateur de l’Allemagne nazie, pendant que le général de Gaulle (le “glaive”) préparait les succès ultérieurs de la résistance. “C’est mon combat contre la repentance et la culpabilité. On essaye de culpabiliser le peuple français en permanence”, a ajouté le candidat pressenti à la présidentielle.

“Arrêtons de laisser falsifier l’histoire”

Lundi, sur Twitter, plusieurs descendants de juifs déportés ont tenu a rectifier les faits, évoquant sobrement, en quelques lignes, l’histoire d’un membre de leur famille déporté malgré sa nationalité française.

“Je pense à mon grand-oncle Albert, juif et français, né en Algérie comme Zemmour déchu de sa nationalité par Pétain, arrêté en 43 à Nice et mort à Auschwitz. Je pense à mon père exclu de l’école a 10 ans, mes oncles interdits d’enseigner. Arrêtons de laisser falsifier l’histoire”, a tweeté l’autrice Brigitte Benkemoun.

Le blogueur Tristan Mendès France, spécialiste des réseaux sociaux et des théories conspirationnistes, a partagé une photo du passeport de sa grand-mère, en ajoutant simplement : “Tiens en passant, ma famille a été déchue de sa nationalité en 40 par le régime de Pétain.”

“Les chiffres sont impitoyables”

En février dernier, Éric Zemmour avait été relaxé pour le même type de propos tenus en 2019, la cour retenant que ceux-ci ne relevaient pas de la “contestation de crime contre l’humanité”. “J’admets que l’on puisse contester ce que je dis mais je ne vois pas en quoi ce que je dis conteste que des Juifs aient été exterminés par des Allemands”, s’était-il défendu.

Les recherches historiques les plus approfondies menées sur le sujet, à commencer par celles de l’historien Robert O. Paxton et l’avocat Serge Klarsfeld, ont pourtant largement battu en brèche la thèse avancée par Eric Zemmour. Et démontré la collaboration du régime de Vichy et du maréchal Pétain à la déportation de dizaines de milliers de juifs durant l’Occupation nazie, peu importe leur nationalité.

“Les chiffres sont impitoyables. Sur les 74.150 juifs déportés, un tiers avaient la nationalité française. L’idée que Vichy a livré les juifs étrangers pour protéger les juifs français est insoutenable”, rappelait l’historien Laurent Joly dans une interview accordée à L’Obs en 2020, en ajoutant qu’“après les juifs polonais, les Français forment la catégorie la plus touchée.”

En octobre 2010, Serge Klarsfeld a annoncé avoir découvert le document original de l’État français définissant le statut des juifs en 1940 et annoté par Philippe Pétain lui-même. Ce dernier a justement rayé une mention du projet initial qui écartait “les descendants de Juifs nés français ou naturalisés avant 1860”, relevait Serge Klarsfeld.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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