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Hollande fait tout pour ne pas être réélu, et pourtant...

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Il ne faut préjuger de rien en politique. L’avenir est rarement celui que l’on avait imaginé.

Qui pouvait prédire en 1959 que François Mitterrand deviendrait un jour le premier socialiste président de la Vème République. Et qu’il serait celui qui resterait le plus longtemps à l’Elysée.

En 1958, il avait fait voter contre la nouvelle Constitution et avait été désavoué par les Français. Il avait été sèchement éliminé aux élections législatives dans son fief. Homme du passé, il n’incarnait aucune espérance. Il avait été anti-communiste et la gauche ne pouvait espérer son retour au pouvoir que dans l’union des forces de gauche. Il combattait de Gaulle alors que celui-ci avait réalisé ce dont la gauche avait été incapable, la décolonisation, la guerre d’Algérie… Et pourtant, plus de vingt ans plus tard, il devient président de la République.

“Chirac a été abandonné, trahi”

Plus près de nous, certains, neuf mois avant le premier tour de l’élection présidentielle de 1995, estimaient qu’il était évident que le Premier ministre Édouard Balladur serait élu et que Jacques Chirac, qui se présentait pour la troisième fois, n’avait aucune chance de s’installer à l’Élysée.

Abandonné, trahi par un grand nombre de ses « compagnons » politiques, qui au vu des sondages, avaient rejoint le camp de Balladur, Chirac était bien seul et son avenir présidentiel bien compromis. Rares les commentateurs qui estimaient que face à Balladur, il n’avait pas la moindre chance. Certains lui conseillaient m��me de renoncer à se présenter pour éviter une nouvelle défaite personnelle et celle de son camp.

Parmi ses fidèles, parfois, l’inquiétude nous gagnait. Je me souviens, un soir de décembre 1994, sur l’Ile de la Réunion, où il était venu faire campagne, je l’interroge sur les perspectives de battre Balladur. “Comment voyez vous les choses ? ‘Cela va être difficile, me dit-il. Si nous ne gagnons pas, nous ouvrirons ensemble une agence de voyage, je voyagerai et toi tu la tiendras’. Mais comprenant qu’il avait avoué son inquiétude, il se reprend, s’arrête, me regarde et ajoute ‘nous allons gagner’.”

Des coups bas organisés notamment par Sarkozy

La campagne fut difficile, coups bas organisés par l’entourage de Balladur et notamment par Sarkozy qui l’avait rejoint.

Finalement, la campagne électorale ne s’est pas déroulée comme il était prévu par les oracles. Comme m’avait dit alors Chirac : “Balladur c’est comme les poteries chinoises, cela supporte les décorations et pas le feu”.

Alors tout est toujours possible. Hollande sera-t-il élu ? Il est vrai qu’avec talent, il fait ce qu’il convient pour ne pas l’être. Il est également exact que plus il apparait à la télévision, moins Sarkozy séduit les Français et Françaises.

Malgré tout, attendons pour dire qui sera notre prochain président de la République.

Jean-Louis Debré