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Quinze mille fonctionnaires de plus écartés en Turquie

Les autorités turques ont annoncé mardi 15.000 nouveaux limogeages dans la fonction publique, l'armée et la police ainsi que la fermeture d'organes de presse soupçonnés d'être impliqués dans le coup d'Etat manqué du 15 juillet. /REUTERS/Huseyin Aldemir

ANKARA (Reuters) - Les autorités turques ont annoncé mardi 15.000 nouveaux limogeages dans la fonction publique, l'armée et la police ainsi que la fermeture d'organes de presse soupçonnés d'être impliqués dans le coup d'Etat manqué du 15 juillet. Près de 2.000 des personnes visées font partie des forces armées, environ 7.600 appartiennent aux forces de police, 400 à la gendarmerie et plus de 5.000 sont des agents d'institutions publiques, parmi lesquels des infirmières, des médecins et des sages-femmes. Les dernières annonces, contenues dans deux décrets, portent à plus de 125.000 le nombre de personnes renvoyées ou suspendues de leur fonction depuis le coup d'Etat manqué de juillet que les autorités turques imputent à Fethullah Gülen, prédicateur musulman qui s'est exilé aux Etats-Unis en 1999. Depuis juillet, 36.000 personnes ont été placées en détention dans l'attente de leur procès pour leur rôle présumé dans ce putsch manqué, qui a fait plus de 240 morts. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé que ces mesures avaient permis d'affaiblir de manière significative le réseau qu'auraient constitué les partisans de Gülen, tout en précisant que la répression n'était pas achevée. "Nous savons qu'ils n'ont pas été totalement évincés. Ils sont encore présents dans notre armée, notre police et notre justice", a déclaré Erdogan devant la presse. "Nous ne leur abandonnerons pas notre pays. Nous ne les laisserons pas ravager cette nation. Nous ferons le nécessaire". Fethullah Gülen, opposant d'Erdogan après avoir été son allié, a démenti être à l'origine du complot. Le décret annonce aussi la fermeture de 375 institutions, de 18 associations caritatives et de neuf organes de presse. Depuis le mois de juillet, plus de 130 organes de presse ont été contraints de fermer en Turquie. Indépendamment des deux décrets rendus publics, les autorités ont émis des mandats d'arrêt mardi contre 60 personnes dont des pilotes de l'armée de l'air basés à Konya, dans le centre du pays, et soupçonnées d'être liées au camp guléniste. Plus de 300 pilotes ont d'ores et déjà été interpellés ou renvoyés depuis la tentative de coup de force, au cours de laquelle les putschistes ont utilisé des chasseurs et des hélicoptères, mais aussi des chars, pour bombarder le parlement et d'autres édifices officiels à Ankara et tenter de s'emparer du pouvoir. Les organisations de défense des droits de l'homme accusent le président Erdogan d'exploiter le putsch manqué pour museler l'opposition. (Tuvan Gumrukcu; Danielle Rouquié et Eric Faye pour le service français)