Qui est Thierry Beaudet, pressenti pour être nommé Premier ministre par Emmanuel Macron ?
Alors que le président de la République n'a toujours pas nommé de nouveau Premier ministre, un nouveau nom est apparu parmi les candidats potentiels.
Quasiment inconnu du grand public, il pourrait se retrouver nommé à Matignon à la surprise générale. Près de deux mois après les élections législatives anticipées qu'il avait lui-même convoquées, Emmanuel Macron n'a toujours pas nommé de nouveau Premier ministre.
Refusant l'idée de désigner Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front Populaire (NFP, coalition arrivée en tête des votes), le président de la République étudie actuellement d'autres noms et poursuit les rendez-vous à l'Élysée. Ce lundi 2 septembre, une nouvelle hypothèse semble tenir la corde, celle de la nomination comme Premier ministre de Thierry Beaudet.
Il aurait donné son accord à Macron
D'après les informations du Nouvel Obs, ce dernier a déjà rencontré deux fois Emmanuel Macron. Le président de la République aurait ainsi contacté l'actuel président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) vendredi 30 août "pour lui proposer le poste de Premier ministre".
Les discussions avec l'Elysée se seraient ensuite poursuivies pendant tout le week-end et ce dimanche soir, Thierry Beaudet aurait finalement accepté la proposition du chef de l'Etat, à condition de "pouvoir donner un coup de barre à gauche", précise un proche de l'intéressé cité par Le Nouvel Obs. Mais qui est donc ce sexagénaire devenu en quelques heures le favori des rumeurs pour être le prochain locataire de Matignon ?
Ancien instituteur
Né en avril 1962 dans l'Orne, Thierry Beaudet n'a pratiquement aucune expérience en tant que politicien. Il est issu du monde associatif et plus précisément du mouvement mutualiste, au sein duquel il travaille depuis plus de 20 ans, avec des responsabilités de plus en plus importantes au fil des années.
Comme le raconte un communiqué de la Mutualité Française, Thierry Beaudet exerçait à l'origine la profession d'instituteur dans l'académie de Caen. Après un bref passage par la Direction départementale de la Jeunesse et des Sports de l’Orne, il est rapidement entré dans le milieu associatif au sein de la Fédération des Œuvres Laïques de l’Orne, dont il est devenu secrétaire général et directeur des services au début des années 1990.
À la tête de la MGEN, puis de la Mutualité Française
Thierry Beaudet a ensuite bifurqué vers le secteur mutualiste, intégrant la Mutuelle Générale de l'Education Nationale (MGEN) dans le département du Calvados. Là encore, il est progressivement monté en responsabilité, devenant notamment directeur adjoint de sa section en 1998. Logiquement, il a ensuite intégré le bureau national de la MGEN en 2003, avant d'être élu président de l'organisme en 2009.
Il conserve ensuite ce poste jusqu'en 2017 et prend parallèlement la présidence de la Fédération nationale de la Mutualité Française, qui regroupe la majorité des mutuelles de santé existant en France. Cette fonction lui permet de prendre une part active à la refonte et au renouvellement, en 2021, du CESE, assemblée considérée comme la "3e chambre" (après l'Assemblée nationale et le Sénat), mais disposant uniquement d'un pouvoir consultatif et réunissant un certain nombre d'acteurs sociaux (patronat, syndicats, associations, mutuelles...).
Médiateur des différentes sensibilités au CESE
Au terme du processus de renouvellement, Thierry Beaudet est finalement élu président du CESE en mai 2021. Il abandonne alors ses mandats mutualistes pour prendre ce nouveau poste de direction, qui lui donnera notamment l'occasion de coordonner les travaux de la Convention citoyenne sur la fin de vie, entre décembre 2022 et avril 2023.
Comme il l'a récemment expliqué à La Tribune, Thierry Beaudet conçoit d'ailleurs sa fonction de président du CESE comme un rôle de médiation. "Le CESE est composé de 82 organisations, avance-t-il. (...) La variété des 82 identités fait la force du CESE, et j'ai la responsabilité de les faire échanger, coopérer, co-bâtir ensemble, donc dans le respect de leurs singularités et de leurs libertés de conscience."
Un spécialiste du consensus
"Toute la société est aujourd'hui mise à l'épreuve des divisions, poursuit Thierry Beaudet, toujours cité par La Tribune, plus que jamais je dois veiller à protéger le CESE de ce risque afin de préserver son essence : être un espace de compromis, de dialogue apaisé, propositionnel et constructif."
Confirmant son parcours, cette profession de foi semble ainsi dessiner le portrait d'un homme de compromis, déterminé à faire dialoguer des intérêts divergents dans la recherche d'un consensus. Compte tenu de la répartition explosive des rapports de force à l'Assemblée nationale, mais aussi de la volonté affichée par Emmanuel Macron de ne pas rompre avec la politique menée depuis 2017, on comprend que le profil de Thierry Beaudet intéresse grandement le chef de l'Etat.
Après la dissolution, il regrette une "crise politique sans précédent"
En juin dernier dans son interview à La Tribune, le président du CESE n'avait en tout cas pas hésité à critiquer ouvertement la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron. "Je n'ai pas compris cette décision, surtout au motif d'espérer se donner une majorité claire pour gouverner, assurait-il à quelques jours du premier tour des législatives. En réalité, cette double décision plonge la France dans une crise politique et démocratique sans précédent." Les faits lui ont ensuite largement donné raison, avec un blocage institutionnel entretenu depuis le 7 juillet, date du deuxième tour.
Dans la même interview, Thierry Beaudet avait aussi exprimé ses craintes de voir l'extrême droite arriver au pouvoir : "Lorsque j'étais président de la Fédération de la Mutualité française (2016 - 2022) j'avais déjà appelé à voter contre le Rassemblement National, rappelait-il. Et comme président du CESE je suis dans mon devoir d'alerter : les autorités indépendantes, les forces intermédiaires, les organisations professionnelles, les associations insupportent le RN. A ses yeux leur existence et leur vocation sont suspectes d'emblée."
Un gouvernement avec Xavier Bertrand et des ministres sortants ?
D'après le journaliste de BFMTV Bruno Jeudy, la nomination de Thierry Beaudet à Matignon est en tout cas envisagée comme une "piste sérieuse" par Emmanuel Macron. L'éditorialiste croit même savoir que plusieurs noms circulent déjà pour composer un futur gouvernement dirigé par Thierry Beaudet.
Sur l'antenne de la chaîne d'informations en continu, Bruno Jeudy a ainsi mentionné le maire LR de Cannes David Lisnard, le président (ex-PS) de la région Bretagne Loïg Chesnais-Girard ou encore le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand comme probables futurs ministres du gouvernement Thierry Beaudet. Selon l'éditorialiste de BFM TV, des "ministres sortants" pourraient aussi faire partie de l'équipe.