Qui est Sébastien Lecornu, ministre évoqué pour remplacer Michel Barnier après l'adoption de la motion de censure ?

Présent dans tous les gouvernements depuis 2017, l'ancien président du conseil départemental de l'Eure est évoqué pour remplacer Michel Barnier, après l'adoption de la motion de censure.

Sébastien Lecornu, ministre des Armées, faisait déjà partie des personnalités évoquées pour remplacer Élisabeth Borne au poste de Premier ministre en janvier dernier. (Photo REUTERS/Annegret Hilse)
Sébastien Lecornu, ministre des Armées, faisait déjà partie des personnalités évoquées pour remplacer Élisabeth Borne au poste de Premier ministre en janvier dernier. (Photo REUTERS/Annegret Hilse)

Son nom circulait déjà l'hiver dernier pour remplacer Élisabeth Borne à Matignon, avant que Gabriel Attal ne soit finalement choisi. Sébastien Lecornu est de nouveau évoqué par les possibles successeurs de Michel Barnier, après l'adoption de la motion de censure. Une nomination qui pourrait être cohérente au vu du parcours de bon élève du ministre, qui a gravi les échelons un par un au sein du gouvernement, qu'il n'a pas quitté depuis 2017.

Entré comme secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire dans le gouvernement Philippe II, il est ensuite promu, 15 mois plus tard comme ministre chargé des Collectivités territoriales, puis ministre des Outre-Mer et enfin son poste actuel de ministre des Armées, où il a survécu au remaniement suite aux élections législatives anticipées de juin 2024, seul ministre avec Rachida Dati à conserver son portefeuille.

Venu de la droite, Sébastien Lecornu a milité dès 16 ans à l'UMP avant de devenir le plus jeune assistant parlementaire puis de se rapprocher de Bruno Le Maire, qui le fait entrer à son cabinet de ministre de secrétaire d'État aux affaires européennes. Les deux hommes font leur parcours ensemble, ils ont l'Eure comme point commun, Bruno Le Maire en a été député alors que Sébastien Lecornu a présidé le département, Sébastien Lecornu le suit au ministère de l'Agriculture puis codirige sa campagne pour la présidence de l'UMP, parti dont il est secrétaire national entre 2013 et 2014.

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Avant son départ pour LREM, Sébastien Lecornu avait intégré l'équipe de François Fillon, comme bras droit de Patrick Stefanini, le directeur de campagne. Poste qu'il quitte au lendemain de la convocation de François Fillon par la justice en vue d'une mise en examen.

Si Sébastien Lecornu a suivi les pas de Bruno Le Maire, il a des liens très personnels avec un autre transfuge de la droite, toujours au gouvernement : Gérald Darmanin. Il est "son témoin de mariage et de divorce", rapporte Le Figaro dans un portrait réalisé en 2018.

Des amis de "vingt ans", à en croire leurs confessions dans Le Parisien : "On s’appelle deux fois par jour, sans parler des textos", expliquait Gérald Darmanin dans les colonnes du quotidien. Une amitié avec un poids lourd du gouvernement qui pourrait peser dans la balance à l'heure de nommer un Premier ministre.

À son entrée au gouvernement, il intègre le groupe Bellota, du nom du restaurant où ses membres ont l'habitude de se retrouver et composé de proches d'Édouard Philippe : Thierry Solère, Franck Riester, Gérald Darmanin, Benoist Apparu, Gilles Boyer, Bruno Le Maire... et au sein duquel il est surnommé "le Cornichon", détaille Le Figaro.

En dehors de la politique, Sébastien Lecornu a le statut de gendarme de réserve avec le grade de lieutenant. Des fonctions qui lui font croiser la route d'Alexandre Benalla, condamné à trois ans d’emprisonnement, dont un an ferme aménageable, dans l’affaire des violences du 1er mai 2018. Avant cette affaire, Sébastien Lecornu était le commandant de peloton d'Alexandre Benalla, à une dizaine de reprises "en 2012 ou 2013", explique-t-il au Monde.

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Les deux hommes gardent ensuite le contact via le chauffeur de Sébastien Lecornu lorsqu'il était au ministère de la transition écologique, un réserviste de la gendarmerie lui aussi, qui connaît très bien Alexandre Benalla.

Avec plus de six ans au sein du gouvernement, Sébastien Lecornu n'échappe pas aux polémiques. Durant la pandémie de Covid-19, le ministre des Outre-Mer est épinglé à plusieurs reprises pour son comportement contraire aux recommandations voire aux restrictions imposées aux Français.

Tout d'abord en participant à un apéritif en Nouvelle-Calédonie avec des élus locaux alors qu'un confinement strict empêchait tout rassemblement et déplacement à ce moment-là, puis en organisant dans son ministère une dégustation de rhum, alors que le gouvernement martelait son message sur le respect des gestes barrières.

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La justice s'est aussi intéressée à Sébastien Lecornu, pour ses prises de décision lorsqu'il était président du conseil départemental de l'Eure et administrateur de la SAPN (Société d'autoroutes Paris-Normandie). Au coeur de l'enquête, quatre délibérations votées par Sébastien Lecornu, "alors même qu'il avait un intérêt dans la SAPN en sa qualité d'administrateur et bénéficiaire de jetons de présence", selon le parquet national financier. Une enquête finalement classée après que l'actuel ministre de la Défense a accepté de rembourser la somme litigieuse, soit 7 874 euros.