Qui est Juan Branco, qui se défend d’avoir harcelé Gabriel Attal ?

"Je viens de découvrir l'entretien de Gabriel Attal sur TF1 qui tourne, il faut bien le dire, quasi-exclusivement à mon sujet". Juan Branco s’est très vite reconnu et exprimé sur X après la diffusion de "Sept à Huit" dimanche. Au cours d’un entretien accordé au magazine de TF1, le ministre de l’Éducation Gabriel Attal révèle avoir été victime de harcèlement scolaire du collège à Sciences Po, sans dévoiler l’identité de son harceleur. Indice de taille cependant : il a écrit un livre à son sujet. "C’est après, quand je me suis engagé en politique, que j’ai compris qu’il ne voulait pas me lâcher, raconte le ministre.

Juan Branco est l'auteur du pamphlet "Crépuscule", publié en 2019. Il fustige dans ce livre la macronie et explique l’ascension fulgurante en politique de Gabriel Attal qu'il devrait à son compagnon d’alors, Stéphane Séjourné, conseiller politique d'Emmanuel Macron. Il avance aussi qu’il aurait obtenu son diplôme à Sciencespo suite à un arrangement avec un conseiller du gouvernement.

"Aujourd’hui Gabriel Attal, 34 ans, ne s’en est visiblement pas remis. Cela l’amène à raconter n’importe quoi devant des millions de français pour tenter de sauver sa psyché", affirme Juan Branco dans un nouveau message posté sur X ce lundi matin. En 2018, c’était déjà Juan Branco qui avait révélé au grand jour l’homosexualité de Gabriel Attal sur X. Mais qui est Juan Branco et comment s'est-il fait connaître ?

"Un petit enfant de bourgeois" opposé à Macron

Né en 1989 en Espagne, Juan Branco est notamment le fils du producteur de cinéma portugais Paulo Branco. Il a été élevé dans un milieu aisé et a fréquenté l’École alsacienne, aux côtés Gabriel Attal qu’il a plus tard recroisé à Sciences-Po Paris. Il est également avocat au barreau de Paris, docteur en droit et auteur de plusieurs ouvrages. C'est un fervent opposant à Emmanuel Macron.

Celui qui se définit comme "un petit enfant de bourgeois" s’inscrit en défenseur du peuple, des Gilets jaunes ou encore des victimes de violences policières. À ce titre, il a plusieurs fois été invité sur le plateau de "Touche pas à mon poste" sur C8, avant de devenir un invité régulier de l'émission jusqu'en novembre 2022. Présent en plateau avec son client Damien Tarel, condamné à quatre mois de prison pour avoir giflé Emmanuel Macron en 2021, il aurait eu une prise de conscience qui l'a poussé à écrire un livre sur l'envers du décor, en juin 2023 (Hanouna, éd. au diable Vauvert).

L'avocat de 34 ans a un temps défendu Jean-Luc Mélenchon et a été un conseil juridique de Wikileaks et de Julian Assange. Ses convictions ne l’empêchent pas de taper sur ceux qui défendent les mêmes causes. Le député de la Somme François Ruffin (LFI) peut en témoigner. Juan Branco a publié en 2019 sur YouTube une vidéo intitulée "Comment Ruffin et Macron ont mis en scène leur rivalité". On y entendait un échange entre les deux hommes qui remontait en fait à 2016 sur la situation de l’entreprise Ecopola, comme le rappelle Libération.

Pavlenski, Ousmane Sonko... Un large panel de clients

Une autre affaire a fait parler de Juan Branco. Celle des vidéos à caractère sexuel impliquant Benjamin Griveaux, alors candidat de la majorité présidentielle à la mairie de Paris, en février 2020. Celui qui était alors l'un des avocats de l’activiste russe Piotr Pavlenski et de sa compagne Alexandra de Taddeo, accusés d'avoir tendu un piège au politique, a été soupçonné d’avoir joué un rôle actif dans cette affaire. En cause, il avait évoqué la possible chute du "chouchou de la macronie" avant la révélation de la vidéo. Les poursuites ont finalement été abandonnées.

Plus récemment, Juan Branco, qui a défendu l'opposant politique sénégalais Ousmane Sonko condamné dans son pays pour appel à l'insurrection entre autres, a été arrêté, inculpé et écroué à Dakar pour "attentat", "complot", "diffusion de fausses nouvelles" et "actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves"."Le Sénégal ne doit pas être la caisse de résonance d'un avocat qui est en mal de reconnaissance dans son pays" et qui "se rêve en Victor Hugo", avait alors déclaré un porte-parole du gouvernement. L'avocat, finalement placé sous contrôle judiciaire a pu rejoindre la France le 7 août dernier, rappelle Le Monde.

L'avocat qui dispose d'un nombre non négligeable d'abonnés sur les réseaux sociaux (plus de 300 000 sur X) a par ailleurs été mis en examen pour viol en 2021 et poursuivi par une de ses anciennes salariés pour maltraitance au travail, selon Libération.

VIDÉO - Affaire Griveaux : Piotr Pavlenski condamné à six mois de prison ferme