Qui est Christophe Ruggia, le réalisateur accusé d'attouchements par Adèle Haenel ?
Après Luc Besson, accusé de harcèlement sexuel par de nombreuses femmes, un autre réalisateur se retrouve dans la tourmente. Dans une grande enquête signée Mediapart, l'actrice Adèle Haenel accuse Christophe Ruggia d'attouchements et de harcèlement sexuel alors qu'elle était mineure.
"Il m'a détruite." Voici ce qu'affirme Adèle Haenel dans une longue enquête publiée par Mediapart, dans laquelle elle accuse le réalisateur Christophe Ruggia de violences sexuelles. Des attouchements et des agressions qui remontent à 2002, sur le tournage de son film Les Diables, alors que la comédienne était encore mineure.
Si la comédienne a décidé de prendre la parole, elle l'affirme, c'est grâce à toutes les femmes qui ont témoigné avant elles du harcèlement et des agressions sexuelles qu'elles ont pu subir au cours de leur vie : "Je dois le fait de pouvoir parler à celles qui ont parlé avant dans le cadre de #MeToo."Plus question pour elle de garder le silence, face à la colère qui gronde en elle. "Je veux raconter un abus malheureusement banal, et dénoncer le système de silence et de complicité qui, derrière, rend cela possible", assure-t-elle, car "la poursuite du silence était devenue insupportable".
Adèle Haenel accuse Christophe Ruggia de pédophilie
Selon l’actrice, les faits se seraient déroulés entre 2001 et 2004, alors qu'elle était âgée de 12 à 15 ans, contre les 36 à 39 ans du metteur en scène. Dans ce qu'elle "considère clairement comme de la pédophilie et du harcèlement sexuel", elle accuse le cinéaste d'un "harcèlement sexuel permanent" et d'"attouchements", décrivant des caresses sur les cuisses et le torse, des baisers forcés dans le cou.
Le principal intéressé, Christophe Ruggia, a refusé de s'exprimer publiquement à ce sujet. Sa seule réponse à l'enquête a été faite par le biais de ses avocats, Jean-Pierre Versini et Fanny Colin, et publiée par Mediapart. Il "réfute catégoriquement avoir exercé un harcèlement quelconque ou toute espèce d’attouchement sur cette jeune fille alors mineure", et semble laisser entendre qu'Adèle Haenel lui doit sa carrière, affirmant qu'il a été le “découvreur” de son grand talent."
"Les monstres ça n'existe pas. C'est notre société. C'est nous, nos amis, nos pères. Il faut regarder ça. On n'est pas là pour les éliminer, mais pour les faire changer. Polanski est un cas emblématique d'une société dans laquelle 1 femme sur 5 est victime de violences sexuelles. pic.twitter.com/LJcqf4YRPp
— Mediapart, le Studio (@MediapartStudio) November 4, 2019
Un homme peu connu du monde du cinéma
Avant le témoignage de la star, le nom de Christophe Ruggia était peu connu du grand public. Célèbre pour ses engagements en politique auprès de la gauche, ce dernier a signé trois longs-métrages entre 1997 et 2012 : Le Gone du Chaâba, Les Diables (dont le premier rôle était tenu par la victime présumée, qui avait moins de 18 ans à l’époque), et Dans la tourmente. En parallèle, il était très actif au sein de la Société des réalisateurs de films (SRF), dont il a été le co-président en 2006, 2011, 2013, 2014 et 2018.
Christophe Ruggia, exclu de la Société des réalisateurs de film
48 heures après la publication du témoignage d'Adèle Haenel, les effets ne se sont pas faits attendre. La Société des réalisateurs de films, a voté l'exclusion du metteur en scène et assure "son soutien total et sa reconnaissance à la comédienne".
La SRF apporte son soutien total à Adèle Haenel. @Mediapart @marineturchi #AdeleHaenel Communiqué: pic.twitter.com/VQ9XehYyBv
— LaSRF (@LaSRF1968) November 4, 2019
Il s'agit d'une première pour la société, qui fédère plus de 300 réalisatrices et réalisateurs français. Catherine Corsini, coprésidente de l'association, a tenu à préciser dans les colonnes du Monde : "On l’a contacté pour savoir s’il présentait sa démission mais il ne l’a pas fait ; on a donc décidé de procéder à sa radiation." Une radiation votée à l'unanimité par le conseil d'administration.
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