Qui est Bernard Charlès, le patron du CAC 40 le mieux payé de France depuis plusieurs années ?

Méconnu des Français, Bernard Charlès, le patron Dassault Systèmes, reste d’assez loin le patron du CAC 40 le mieux rémunéré de France.

Bernard Charlès en 2022 (Crédit : REUTERS/Benoit Tessier)

Le fossé salarial entre les grands patrons et leurs collaborateurs se creuse un peu plus chaque année. En 2023, la rémunération moyenne des dirigeants du CAC 40 s’établit à 7,1 millions d’euros en moyenne, soit un écart de de 1 à 95 avec leurs salariés contre 1 à 74 il y a dix ans selon un rapport publié, mardi 12 novembre, par le cabinet de conseil Proxinvest et dont BFM Business se fait l’écho. Parmi eux, Bernard Charles, méconnu du grand public et patron de Dassault Systèmes, domine très largement le classement avec des émoluments évalués à 43,8 millions d’euros l’an dernier. Cette somme colossale comprend en plus du salaire fixe le bonus annuel, les stock-options et autres avantages en nature et primes diverses.

Bernard Charlès, 67 ans, est un pur produit Dassault Systèmes et a largement contribué à transformer cette entreprise française, devenue leader mondial des logiciels de simulation industrielle. Diplômé de Normale Sup, docteur en mécanique, ce fils d’agriculteurs bretons rejoint la société comme stagiaire à peine deux ans après sa création en 1981. Il lance en 1986 le département Nouvelles technologies, Recherche et Stratégie avant d’être nommé Directeur Stratégie, Recherche et Développement deux ans plus tard.

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Promu directeur général et membre du Conseil d'administration en 1995, il orchestre l'entrée en bourse de l’entreprise et dirige la boîte depuis 2002. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le patron le mieux rémunéré du CAC 40 assume ces sommes colossales. À ceux qui attaquent son niveau de rémunération, il répond que "si le cours de l’action Dassault Système valorisé près de 50 milliards d’euros, a été multiplié par dix en dix ans, sa rémunération l’a été 'seulement' par quatre et pour l’essentiel, versée en actions", rapporte Forbes qui parle de lui comme d'un "pionnier de l'industrie numérique" avec "une vision avant-gardiste de la technologie". En 2023, le chiffre d’affaires de Dassault Systèmes, qui emploie 24 000 personnes dans le monde, a atteint 5,95 milliards d'euros, en hausse de 9% par rapport à 2022.

L’homme d’affaires Laurent Dassault parle de lui comme du "Steve Jobs français" et Charles Edelstenne, président de Dassault Systèmes décrit un homme "charismatique", "brillant", "avec une vision". N’en jetez plus, la coupe est pleine. Il est vrai que sous sa direction, le groupe est arrivé au sommet de l’innovation numérique dans l’aéronautique, l’automobile mais aussi la santé. Ses récents résultats valident cette stratégie de diversification. "Entre l'acquisition de Medidata en 2019 et ses progrès dans la création d'un double numérique d'un coeur humain, la santé est devenue, en croissance, le premier secteur d'activité du champion français des logiciels 3D, pour la première fois de son histoire", écrivent Les Échos en 2023.

Officier de la Légion d’honneur depuis 2012, Bernard Charlès cultive la discrétion une fois les lumières de son bureau éteintes. Son modèle en la matière ? Amancio Ortega, le patron de Zara, qui n’a jamais accordé la moindre interview. Si le patron le mieux payé de France n’est pas aussi extrême dans cette communication minimaliste, il assume un cloisonnement la plus hermétique possible entre vie professionnelle et vie privée. Pour en avoir un aperçu, il suffit de lire Laurent Dassault, directeur général délégué du Groupe industriel Marcel Dassault (GIMD), qui avouait en 2019 dans Challenges "ne pas connaître ses enfants" alors que les deux hommes se fréquentent depuis plus de trente ans.