"Plus question d'un vote sanction": les électeurs du RN adhèrent de plus en plus au programme, selon une étude

En croisant plusieurs sondages, la Fondation Jean Jaurès publie une note qui montre que les électeurs du Rassemblement national sont ceux qui votent le plus avec la conviction de vouloir voir le parti gouverner. Et le programme s'appliquer.

Bien qu'arrivée troisième aux élections législatives anticipées, l'extrême droite est en progression continue dans les urnes depuis 2011. L'analyse du vote pour le Rassemblement national lors des dernières législatives montre que ce dernier est de plus en plus un vote d'adhésion au programme classique de l'extrême-droite sur l'immigration et la sécurité, selon une note de Jean-Daniel Lévy, directeur délégué de Harris Interactive pour la fondation Jean Jaurès.

Passé de 89 députés élus en 2022 à 142 en 2024, le parti lepéniste est celui dont l'électorat affirme le plus avoir voté par adhésion (48%) et le moins (7%) par opposition, explique le politologue se basant sur une compilation d'études pour différents médias.

Selon lui, la séquence électorale de juin-juillet "confirme" qu'"il n'est plus question, depuis de nombreuses années, de parler de vote sanction".

Les électeurs du RN sont ceux "indiquant le plus le souhait que le candidat pour lequel ils ont voté soit présent au second tour, que le RN réalise le score le plus important possible, qu'il dispose de la majorité absolue à l'Assemblée", poursuit-il. Et moins le souhait d'empêcher un candidat d'être élu ou une formation politique d'obtenir la majorité.

Ils sont également les plus convaincus (94%) que le parti d'extrême droite pourra appliquer son programme s'il arrive au pouvoir.

Du point de vue sociologique, plusieurs éléments sont devenus saillants lors des trois élections (Européennes et législatives anticipées): ce sont les 35-64 ans (37%) et les plus de 65 ans (32%) qui ont le plus modifié leur vote pour se tourner vers le RN. Jean-Daniel Levy observe en outre "la porosité avec l'électorat de la droite classique".

Le sondeur évoque un "retour aux fondamentaux" du parti fondé par Jean-Marie Le Pen, avec l'immigration placée au premier rang des motivations (69%), devant le pouvoir d'achat (63%). Et remarque que ses électeurs estiment que le RN serait "meilleur que la majorité présidentielle et que le NFP sur des sujets centraux: le pouvoir d'achat, l'emploi ou encore la croissance économique".

Il note également que le RN a abordé le premier tour des législatives dans la "dynamique" des Européennes: 90% de ceux qui ont voté pour la liste de Jordan Bardella ont voté pour un candidat RN aux législatives, un report supérieur à celui qui a prévalu pour les candidats du Nouveau Front populaire.

Quant à un "effet Bardella", abondamment commenté, il estime que les chiffres le tempèrent. Les moins de 25 ans le placent de fait en tête de leur personnalité politique préférée mais... François Hollande est au même niveau.

Le réseau social Tiktok, sur lequel le président du RN est très présent est une source d'information bien moindre que la télévision. Enfin, note Jean-Daniel Levy, CNews n'arrive qu'en 5e position des chaînes de télévision regardées par les électeurs frontistes.

Article original publié sur BFMTV.com